Depuis le 10 novembre, Ils participent à la 2ème édition du projet d’écriture des films merveilleux pour la jeunesse.
La résidence d’écriture T’A.B.A pour courts métrages merveilleux africains sur la jeunesse s’est ouverte dimanche dernier à la Cité de la Paix à Yaoundé. Fréro Pierre (Haïti), Ulrich Mendouga (Cameroun), Amos Njitam (Cameroun) et Dohoue Ineck Houngbedji (Bénin), vont travailler pendant deux semaines sous l’encadrement des réalisateurs et producteurs Anis Lassoued (Tunisie), Marie Yolande Ekoumou Samba (Cameroun) et Mary Noël Niba (Cameroun). Les détails de ces 14 jours de retraite professionnelle ont été dévoilés mardi 12 novembre lors d’une conférence de presse à la salle de conférence de la CRTV. La résidence d’écriture T.A.B.A est organisée en partenariat avec Canal + University et le ministère des Arts et de la culture par l’association Tell and be Africa présidée par la réalisatrice Mary Noël Niba. Le conclave consiste à la réécriture des projets de scénarii des films inspirants et merveilleux pour la jeunesse africaine. L’objectif est de raconter la beauté de l’Afrique, de susciter le rêve chez les jeunes. « Quand nous avons lancé le ciné-club N’kah il y a 4 ans maintenant et bientôt 5, nous avons voulu présenter aux adultes mais surtout aux enfants, les films qui parlent de nous, qui ont parlé de nous à travers le monde pour qu’on se réapproprie notre culture. En présentant des films aux enfants, on ne voulait pas leur montrer des fictions misérabilistes. On voulait montrer aux jeunes camerounais qui venaient en salle, aux petits-enfants et aux adolescents qu’il y a des enfants à travers l’Afrique qui font des choses merveilleuses des enfants qui changent leur monde, sont heureux malgré leurs conditions de vie difficiles. On a pris le temps de fouiller et on s’est rendu compte qu’après un certain nombre de sessions, on arrivait plus à trouver des court-métrages merveilleux. On s’est dit mais, nous sommes des producteurs, nous sommes des scénaristes au lieu de continuer à chercher avec autant de difficultés, il fallait bien commencer à organiser des résidences d’écriture pour la création des histoires africaines sur la jeunesse », explique Mary Noël Niba.
Des sujets variés
La première édition de la résidence a été lancée en 2023 et a tout de suite suscité un vif intérêt des cinéastes et jeunes talents. « Les Africains n’ont pas appris à raconter leur vie d’enfant parce qu’ils n’ont pas eu pour certains. Ils ne se sont pas projetés dans leur enfance. Alors après avoir écrit deux semaines, nous avons pu faire 6 projets très aboutis qui racontaient vraiment ce que nous voulions et on a pu tourner trois films. Notamment « Mon vélo » de Franky Tohouengnon (Bénin) qui vient de remporter un prix au festival Emergence au Togo, « Au nom du père et du fils », de Bouna Guazong (Cameroun), » Pictire of the minf » d’Evita Afungfege (Cameroun) et devant cette réussite on s’est dit pourquoi pas une deuxième résidence », raconte la présidente de T.A.B.A. Les sujets abordés par les participants de cette résidence sont de divers ordres : l’écologie, la musique, le patrimoine immatériel, l’exode rural. Le réalisateur Haïtien, Fréro Pierre propose le projet intitulé « Une fois, savane désolée », un conte enchanteur sur le retour aux sources. Le synopsis décrit l’histoire d’Un vieil homme se lance dans une quête vers Nan Ginen, le royaume des dieux tutélaires africains, afin d’implorer leur assistance pour reboiser la savane désolée ». A tout juste 20 ans, Ulrich Mendouga raconte le pouvoir de la musique à travers les aventures d’Inaya. Une petite fille de 13 ans qui « vit dans un petit village perché sur les montagnes. Lors de son anniversaire, son grand-père lui offre une flute mystérieuse qui va changer sa vie à jamais. Elle se retrouve plongée dans un cirque fascinant où les spectacles prennent soudainement vie grâce aux mélodies qu’elle compose ». Avec « Gombo », Ineck Houngbedji veut montrer les bienfaits de l’apprentissage de la cuisine pour un enfant turbulent. Son scénario décrit le contexte du film en ces termes : « Nous sommes en Juillet, ce sont les vacances ! D’un côté, Yvan, un jeune garçon de 9 ans, intelligent, agité et très solaire, vit avec ses parents au centre-ville. De l’autre côté, Pépé, un vieux de la cinquantaine, chef cuisinier, solitaire et momentanément irascible, vit à la campagne, à plus de 1000 km de la ville », présente-t-elle en soulignant qu’une belle complicité va naître entre les deux et changer le comportement d’Yvan. Lauréat du premier appel à projets de la Jeune Création Francophone 2019, le scénariste Amos Njitam a proposé l’histoire Un jeune homme diplômé, déraciné culturel, décide de retourner au village après de longues années de chômage en ville. Avec l’aide de son oncle, il apprend à être un « villageois » et reprend goût à la vie ». Des histoires inspirantes tirées de la réalité qui vont être réécrite dans le fond en vue de leur réalisation. « Durant cette résidence, nous allons développer notre conscience d’écriture pour l’enfant. Je crois qu’il y a une pauvreté de films pour l’enfant, pour la jeunesse de notre continent. Cette résidence vise à renverser la tendance et nous allons travailler sur les scénarios du point de vue de l’enfant », explique Anis Lassoued, réalisateur, producteur, spécialisé dans le cinéma pour enfants et la jeunesse depuis 25 ans. Auteur d’une quinzaine de films donc le dernier « Une seconde vie » qui a fait quelques festivals où il a remporté une bonne dizaine de prix importants, Anis Lassoued souligne qu’un film pour enfants doit traduire, « comment un enfant rêve, comment il voit le monde. Car il est au cœur du projet, c’est lui qui raconte l’histoire », précise Anis Lassoued. Par ce résidence ambitieuse et novateur, L’association Tell and be Africa (T.A.B.A.), prépare un avenir radieux pour les cinémas d’Afrique. « Je voudrais que dans 10 ans, dans un festival en Afrique, on y retrouve une vingtaine de productions pour enfants qui sont des films inspirants, des films qui montrent notre jeunesse forte et résiliente ».