Les voyants sont quasiment au rouge, dans le climat sociopolitique Camerounais. Mêmes les observateurs les optimistes s’accordent sur le fait que le pays est depuis peu, au bord du gouffre. Le pays de Paul BIYA traverse une période de fortes turbulences. Malgré les discours rassurants et quelques mesures circonstanciées des pouvoirs publics, un sentiment de malaise semble s’être installé au sein de la population, notamment chez les jeunes, la majorité de Camerounais démunis. Après 42 ans de règne du Renouveau, les problèmes économiques, sociaux et politiques se multiplient, alimentant ce sentiment de frustration grandissant.
Les récents manifestations et mouvements sociaux témoignent d’une population camerounaise qui ne se sent plus entendue par son gouvernement et qui réclame des changements radicaux. Après une virulente opposition de la communauté Toupouri contre le parc de National de Ma Mbed Mbed à Kourbi dans l’Extrême-Nord, face aux autorités administratives de la région, le Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh s’est frotté lui aussi, selon des sources, à la colère des élites et forces vives à Kousseri, qui tenait à tout prix é changer en direct, avec celui que le Chef de l’Etat a missionné le weekend dernier dans cette partie du pays. Se penchant sur le surjet, le quotidien Mutations dans son numéro de ce lundi 17 février, parle de « Scènes de chaos ».
Coups de feu au Marché Mokolo
Avant, le 05 février, c’est le Marché Mokolo à Yaoundé, l’un des plus grands de la cité capitale qui a basculé dans de vifs affrontements entre commerçants et policiers, avec en leur sein, des coups de feu lâchés qui ont plongé l’espace marchand dans une psychose générale. « L’origine des échauffourées serait liée à une opération des autorités visant à dégager des installations jugées illégales », a confié une source à Le Point.
Au tout début du mois courants, d’autres affrontements cette fois à Nkoteng, ont opposé les employés de la Sosucam, aux éléments des forces de l’ordre. Selon des source, l’étincelle qui fait jaillir la flamme était liées à des insuffisances managériales de la part du nouveau directeur général, notamment, d’importants retards de paiement des quinzaines des employés. Par ailleurs, on se souvient encore du bris des scellés apposés sur les locaux du Redac, opéré Me Alice Nkom, la PCA de cette organisation le 09 décembre 2024 à Douala. Dans un acte de défiance inédit, l’avocate, militante des droits humains a bravé les interdictions du ministre Paul Atanga Nji en rouvrant les locaux du REDHAC, scellés suite à une décision jugée illégale.
Exaspération
A tort ou à raison, ces manifestations, mouvements sociaux et actes de bravade traduisent à coup sûr, l’exaspération d’une population confrontée à un chômage endémique, à des inégalités sociales croissantes, à l’insécurité et à la corruption, et qui tient à exprimer son mécontentement. Sentiment pour lequel, à quelques mois de l’élection présidentielle, en dépit des appels ordinaires des militants du RDPC et autres alliés, des voix se sont levées jusqu’à l’Eglise, pour appeler à la retraite politique de l’homme qui vient de célébrer son 92e anniversaire.
Face à cette situation explosive, le président Paul Biya se trouve confronté à un défi sans précédent. Le Camerounais ordinaire exige des réformes profondes et une gouvernance plus transparente. Tout signe de faiblesse ou d’inaction de la part du pouvoir pourrait déclencher une crise sociale d’une ampleur inédite.