Alors que sa 92e bougie d’anniversaire a été soufflée le 13 février dernier, à quelques mois d’une élection présidentielle qui a déjà dévoilé l’intensité de ses couleurs, Paul Biya, la seule évocation de son nom en 2025, force l’envie, selon plusieurs analystes, de jeter un coup d’œil sur le rétroviseur, au moment où il déclare « intacte », sa détermination de continuer à servir les Camerounais. En accédant au Pouvoir en 1982, Paul Biya s’est engagé pour le développement et le bien-être des Camerounais et a dit sa volonté de lutter contre la pauvreté, le sous-développement et les inégalités sociales, entre-autres. « Tant qu’il y a encore un Camerounais qui meurt de faim, tat qu’il y a encore un enfant qui n’a pas accès à l’éducation, tant qu’il y a encore un malade qui n’a pas accès aux soins, mon combat ne sera pas terminé », s’engageait-il alors. Pour mener à bien ce combat, le Renouveau national a fait de la politique de « Rigueur et Moralisation », son cheval de bataille, dans l’optique d’assainir la gestion des affaires publiques au Cameroun et de lutter contre la corruption.
Si cette politique a suscité de nombreuses attentes, sa mise en œuvre, en plus d’une trentaine de gouvernements utilisés, dans des secteurs clés comme les infrastructures, les transports, l’eau, l’énergies, la santé, l’éducation, la justice, et l’administration publique laisse apparaître des limites et des défis persistants.
Biya trahi
Au Cameroun, les grands projets d’infrastructures dans les secteurs routiers, de l’eau et de l’énergie sont régulièrement confrontés à des difficultés. Malgré les discours officiels promettant un développement rapide, de nombreux projets sont entachés par des dépassements de coûts importants, des retards de livraison et une qualité des ouvrages souvent remise en question. Des dysfonctionnements qui sont souvent liés à des affaires de corruption, mettant en évidence les faiblesses des mécanismes de contrôle et de transparence dans la gestion des fonds publics. L’affaire Glencore, et les autres récents scandales de détournement de fonds, dont CANgate et Convidgate, s’illustrent alors comme la mauvaise mise en route, dans les secteurs concernés, de la politique du Renouveau.
Les discours de fin d’année du Chef de l’Etat, sont ainsi devenus de véritables autels de réquisitions de ces entorses du pays, dans sa marche vers l’émergence. Chaque année, le président Biya, en plus de la nécessité de lutter contre la corruption et les détournements de deniers publics et l’enrichissement illicite, égrène les difficultés économiques que traverse le pays, les pénuries de produits pétroliers, les coupures récurrentes d’eau et d’électricité, entre autres. Dans le domaine routier par exemple, le président de la République a reconnu le 31 décembre que « notre réseau routier ne reflète pas les efforts et les sacrifices qui sont consentis pour sa réhabilitation et son extension ». Sauf que comme chaque année, après son mea culpa, les Camerounais attendent toujours que de mesures fortes soient prises pour stopper ces bandits à col blanc, qui enterrent dans la fange, la politique du Renouveau, pourtant saine d’esprit.
Péril sur les populations
La politique de « Rigueur et Moralisation » est un objectif louable. Mais que de dysfonctionnements aux conséquences directes sur la vie des Camerounais. Par exemple, les retards dans la réalisation des projets d’infrastructures limitent l’accès aux services essentiels (eau potable, électricité) et entravent le développement économique. De plus, la mauvaise qualité des ouvrages réalisés peut mettre en danger la sécurité des populations comme ce fut récemment le cas de l’effondrement du pont de Yagoua le 12 septembre 2024, et des éboulements de la Falaise de Dschang en novembre de la même année.
Pour Paul Biya, les défis sont nombreux, mais il est essentiel de poursuivre les efforts pour garantir une gestion transparente et efficace des fonds publics et améliorer la vie des Camerounais.