L’entreprise Camtel a tenu à défendre la qualité de son réseau de transport suite aux perturbations dans les services Internet et de téléphonie mobile observées depuis plusieurs jours dans le pays. Elle souligne son rôle en tant que « garante de la souveraineté numérique » du pays et affirme avoir toujours pris des mesures pour assurer une communication continue, même en cas d’incidents survenus dans le réseau. « Cette quête permanente de la qualité de service a conduit à la certification ISO 9001/2015 de Camtel sur le segment de transport, ce qui est une caution pour l’accroissement de la satisfaction des clients », a déclaré l’entreprise.
Cette déclaration de Camtel intervient après l’annonce par l’Agence nationale de régulation des télécommunications (ART), dans un communiqué du 11 septembre dernier, d’un « audit opérationnel » du réseau national à fibre optique de l’opérateur historique des télécoms. « Bien que cette opération soit encore en cours, les premiers résultats de l’audit montrent que cette infrastructure nationale est dans un état de dégradation continue, et les conditions actuelles de sa maintenance sont à réévaluer », a déclaré le DG de l’ART, Philémon Zo’o Zame. Il a précisé que l’ART a reçu l’instruction du gouvernement pour réaliser cet audit, suite à « une dégradation continue de la qualité des services de communications électroniques mobiles » offerts non seulement par Camtel, mais également par les opérateurs de téléphonie mobile MTN Cameroon et Orange Cameroun.
Philémon Zo’o Zame a indiqué que les perturbations constatées résultent de problèmes externes. Il a cité une offre insuffisante en énergie électrique pour les infrastructures des opérateurs, des difficultés d’approvisionnement en carburant pour les sites techniques, particulièrement dans les grandes villes, ainsi que des ruptures répétées des câbles à fibre optique. Le DG de l’ART a tenu, le 17 septembre dernier, une réunion avec les dirigeants de MTN et Orange pour discuter de « l’urgence de l’amélioration de la qualité de service offerte aux consommateurs camerounais ». À l’issue de cette rencontre, des mesures ont été décidées, notamment une vérification approfondie des réseaux des opérateurs et une évaluation des investissements réalisés pour améliorer la qualité des services.
Dans un entretien exclusif avec Investir au Cameroun, Mitwa Ng’ambi, la directrice générale de MTN Cameroon, a révélé que les perturbations actuellement observées sont principalement dues à deux facteurs : « l’instabilité de l’électricité » et les coupures de fibre optique fournies par Camtel, qui détient le monopole sur cette infrastructure essentielle. Elle a ajouté que « la dépendance » de MTN à un tiers pour la fourniture de la fibre optique, en l’occurrence Camtel, complique davantage la situation. Mais Camtel insiste sur sa responsabilité « proportionnelle » dans cette situation et indique que les actes de vandalisme sur son réseau, ainsi que les incidents liés à des travaux publics, aggravent également les difficultés rencontrées.
Camtel affirme avoir mis en place des mesures pour garantir la redondance des connectivités, « assurant ainsi la disponibilité permanente des services fournis à sa clientèle ». L’entreprise met en cause la gestion des autres opérateurs qui, selon elle, rencontrent des congestions dues à un nombre élevé d’abonnés. « Malheureusement, ils manquent de discernement quand ils se plaisent à indexer injustement la qualité du backbone de Camtel », argue l’entreprise. Actuellement, le réseau de Camtel s’étend sur 15 812 km, et l’entreprise prévoit d’ajouter 3 500 km de fibre optique à partir de 2024, principalement dans les zones rurales. Cette initiative vise à améliorer la couverture réseau et à répondre à la demande croissante de connectivité à haut débit. Avec cette extension, Camtel pourra également consolider sa position sur le marché national des télécommunications, notamment dans le segment mobile où elle est en concurrence avec MTN et Orange.
Patricia Ngo Ngouem
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