Lors de sa réunion du 20 septembre 2024, le groupe des pays producteurs de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) a élu le Cameroun à la présidence du Conseil international du cacao pour la campagne 2024/2025. Cette décision, qui sera officiellement validée lors de la 110e session de l’ICCO du 23 au 26 septembre prochain à Abidjan (Côte d’Ivoire), témoigne de la reconnaissance internationale des « efforts inlassables fournis par le Cameroun pour valoriser le travail des producteurs et leur juste rémunération », indique un communiqué du ministère du Commerce publié vendredi dernier. La session du Conseil international du cacao revêt une grande importance, car elle vise notamment à définir les nouvelles perspectives pour assurer la durabilité de l’économie cacaoyère mondiale. Le Cameroun, classé 4e producteur mondial avec une production de 300 000 tonnes, à égalité avec le Nigeria, joue un rôle clé dans ce secteur. Selon le bulletin trimestriel des statistiques du cacao pour la saison 2023-2024 publié le 31 mai par l’ICCO, les quatre principaux producteurs africains (Côte d’Ivoire, Ghana, Cameroun et Nigeria) représentent 70,6 % de la production mondiale, bien que ce chiffre ait légèrement diminué par rapport aux saisons précédentes.
La campagne cacaoyère 2023-2024 a été marquée par des prix « record » pour les producteurs camerounais, atteignant jusqu’à 6 300 FCFA le kg. Cette hausse des prix a permis au pays de générer des revenus globaux en valeur FOB s’élevant à 488,8 milliards de FCFA, soit une augmentation de 220 milliards par rapport à l’année précédente, selon l’Office national du cacao et du café (ONCC). Le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a souligné que cette « embellie sans précédent des cours » consolide le positionnement du Cameroun comme une « origine de référence en matière de qualité et de rétribution conséquente des producteurs, désormais parmi les mieux rémunérés au monde ».
Dans un communiqué le 18 septembre, le ministre du Commerce a annoncé qu’un « opérateur majeur de l’industrie chocolatière mondiale » a signé un contrat d’achat avec une coopérative locale pour un prix de 5 200 FCFA/kg. Bien que l’identité de cet opérateur n’ait pas été divulguée, Luc Magloire Mbarga Atangana a déclaré que cette opération illustre la confiance retrouvée dans la qualité du cacao camerounais sur la scène internationale. Il a encouragé les producteurs à adopter ce modèle de partenariat pour garantir des rémunérations à la hauteur de leurs efforts. Avec la campagne cacaoyère 2024-2025 officiellement lancée le 8 août dernier, il a affirmé que « tous les indicateurs convergent, sinon vers une amélioration de ces acquis, à tout le moins vers leur préservation, à la faveur d’une qualité retrouvée et reconnue de la fève camerounaise qui fait dorénavant courir ce qui compte de mieux dans l’industrie chocolatière mondiale, et d’un déséquilibre avéré entre une offre en retrait et la demande».
Avec la présidence du Conseil international du Cacao, le Cameroun a l’occasion de défendre ses intérêts et d’encourager des pratiques durables, surtout à l’approche du nouveau Règlement contre la déforestation (RDUE) de l’Union européenne (UE). Ce règlement vise à interdire la commercialisation de produits liés à la déforestation, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur le secteur cacaoyer. Cette présidence souligne également l’importance du Cameroun dans le secteur du cacao, étant l’un des principaux producteurs en Afrique et dans le monde. Au Cameroun, le système de vente du cacao sur le marché intérieur est complètement libéralisé. La multiplication des acteurs commerciaux depuis une dizaine d’années a renforcé la concurrence et poussé vers le haut les prix accordés aux producteurs. Depuis 2019, le gouvernement a instauré l’autorisation officielle de vendre le cacao de manière groupée, en se basant sur des prix de référence publiés par l’ONCC, qui supervise la qualité et le suivi des exportations. Ce système permet aux exploitants, par l’intermédiaire de leurs groupements, de négocier directement avec les multinationales ou des transformateurs locaux, ajustant les prix d’achat selon la qualité et la quantité de leur production.
Patricia Ngo Ngouem