
Les communautés urbaines de Douala et d’Edéa projettent de créer un marché de 20 000 têtes de bœuf, dans le cadre de la structuration de la filière bovine dans les deux villes de la région du Littoral. Après le lancement des travaux du comité chargé de conduire ce projet en février dernier à Edéa, les maires des deux cités se sont réunis le 17 avril 2025 à Douala pour l’affiner.
Concrètement, il était question de clarifier et de sécuriser juridiquement les 110 hectares des trois sites destinés à abriter ce vaste projet. Les localités de Sikoum (12 ha) et de Mongombè (50 ha), dans le département de la Sanaga-Maritime (Edéa), devraient accueillir respectivement les sites dédiés au marché de bétail, à l’embouchure et à la commercialisation, tandis que la localité de Dibamba Beach (45 ha), à Douala, devrait servir de point de transit des bœufs avant leur orientation vers l’abattoir moderne de 2 hectares à construire dans la ville, ou leur exportation via les ports de Douala ou de Kribi.
Le projet, dont le coût n’est pas encore connu, sera financé par le Conseil de l’interprofession bovine du Cameroun (Cibovic), à travers les banques Afriland, CBC, ainsi qu’un partenaire brésilien. D’après le maire de Douala, Roger Mbassa Ndinè, le lancement du projet est prévu pour juillet prochain, suivi de la sensibilisation et du recensement des différents acteurs (propriétaires de bétail, vendeurs, acheteurs, etc.) entre juillet et août 2025.
La construction des parcs et embouchures à bétail est prévue pour les mois d’octobre et novembre prochains, tandis que celle de l’abattoir moderne est projetée entre 2026 et 2027. Il est également envisagé la création d’un guichet unique de conformité dont l’objectif est d’assurer une maîtrise des fichiers des acteurs, de produire des statistiques fiables sur les ventes, d’augmenter le rendement de la collecte des taxes, tout en facilitant l’interconnexion avec les différents systèmes de la chaîne de valeur.
Pour les exécutifs communautaires de Douala et d’Edéa, ce projet d’aménagement d’espaces de transhumance, d’engraissement et d’aires de repos pour les camionneurs vise à trouver une solution pérenne au problème de divagation des bovins dans les deux villes. Il prévoit également la mise en place d’une offre d’abattoirs modernes répondant aux besoins des populations de Douala et Edéa, ainsi que l’amélioration des conditions de conservation, à travers le renforcement de la chaîne de froid, afin de garantir la qualité des produits.
Selon Albert Emmanuel Nlend, maire d’Edéa, le projet a aussi vocation à « créer des emplois, assurer des formations dans le domaine et favoriser l’accès à la viande de qualité aux populations à un coût maîtrisé ». Djawa Abega Mustapha, président du Cibovic, indique que les villes de Douala et d’Edéa consomment en moyenne entre 800 et 1000 bœufs par jour. Il précise que la réglementation prévoit « au moins 15 jours d’observation de l’état sanitaire du bœuf avant de l’abattre. Ce qui suppose qu’il faut disposer d’au moins 20 000 bœufs hébergés près des deux villes pour leur assurer un approvisionnement optimal ».
D’après le président du Cibovic, la structuration de la filière bovine dans les villes de Douala et Edéa devrait permettre de réduire le coût et la pénurie de bœuf sur les marchés locaux. Selon les chiffres officiels, la filière a enregistré une baisse de 35 869 tonnes en 2024 au Cameroun, avec une production de 94 300 tonnes contre 130 000 tonnes l’année précédente. Les acteurs du secteur expliquent cette contreperformance par la dégradation des pâturages et le tarissement des points d’abreuvement dans la région du Nord, l’un des principaux bassins d’élevage bovin du pays.
Frédéric Nonos
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