L’affaire fait couler beaucoup d’encre et de salive tant dans les médias que dans les chaumières. Sur toutes les lèvres : le nom du petit Mathis. Dans les yeux, les larmes coulent au sein de la famille meurtrie, au quartier Ngoa-Ekellé à Yaoundé. Dans ce tourbillon émotionnel, le peuple interpelle la justice camerounaise à jouer son rôle dans cette horreur qui a ôté la vie à ce gamin de six ans et dont le présumé assassin ne se souviendrait pas des faits.
Interné au Centre Hospitalier de Yaoundé, Nwafo Dagobert, père de l’artiste Lydol et présumé assassin du petit Mathis, aurait déclaré qu’il ne se souviendrait pas des faits.
« L’assassin Nwafo dit qu’il a perdu la mémoire. Je vous ai dit ici que le père de Lydol est protégé en haut lieu et que des manœuvres sont actuellement en cours pour alléger son cas, et tout au plus l’envoyer en prison pour une très courte durée, voire 6 mois, puis il sera libre », rapporte Sébastien G. Eloundou dans une publication d’Actu Cameroun.
La même version a été appuyée par Me Michèle Ndoki. L’avocate, inscrite au barreau du Cameroun, en prenant la parole pour la première fois dans cette affaire, condamne la disparition tragique d’un innocent, loin d’une discussion ou des bagarres de buvette, mais qui en paie le prix fatal.
Lire ci-dessous la sortie de Me Michèle Ndoki :
Libre parce qu’il plaide l’amnésie momentanée due à son état d’ivresse. En d’autres termes, il dit qu’il était ivre au moment des faits et ne se rappelle de rien.
Mais qui protège le père de Lydol ? Pourquoi les habitants de son quartier ont-ils si peur de témoigner ? Et, à ce qu’il paraît, les personnes qui ont même d’ailleurs tabassé le criminel sont en fuite. Ce qui est certain : à l’heure actuelle, on va libérer le criminel… Le criminel sera libre, faute de témoins, car personne ne veut se prononcer devant les enquêteurs. Tout le monde fuit. Voilà votre pays.
Ceux qui me lisent, me suivent ou me connaissent savent que je ne prends pas volontiers la parole quand des horreurs comme celle qu’a subie le petit Mathis, sa famille, ceux qui l’ont connu et aimé, se produisent. Faire d’un tel moment, qui vient secouer toutes nos croyances par rapport à l’humanité, un moment de communication politique… j’ai du mal, quoi qu’on me dise.
J’espère que vous savez que cela ne veut pas dire que je ne suis pas touchée. Depuis quelques jours, je lis, j’écoute, je médite. Comme vous, je suppose, j’essaye de donner un sens à cet insensé. Le système judiciaire sera mis à contribution, des kilomètres de lignes seront écrites, des heures de mots prononcés.
Ça ne le ramènera pas, ne réparera rien. Pourra-t-on au moins un jour parler de réconfort, de consolation ?