Une conférence exposition-photo a réuni des hommes et femmes de médias de la région de l’Ouest dans le cadre du prolongement de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le lundi 12 mai dernier à Bafoussam.
Face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle et des manipulations numériques, le photojournalisme vacille entre innovation technologique et crise de crédibilité. À Bafoussam, une conférence exposition-photo a réuni professionnels et étudiants pour repenser l’éthique de l’image à l’ère des pixels trompeurs. À cet effet, journalistes, travailleurs des médias et étudiants étaient réunis dans la salle des conférences du gouverneur de la région de l’Ouest. L’occasion leur a été donnée de suivre les différentes articulations de cette rencontre mêlant réflexion, débat et exposition photo. Une initiative portée par le point focal Ouest de la section camerounaise de l’Union internationale de la presse francophone (UPF-Cameroun).
Cette journée marquait le prolongement de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée chaque année le 3 mai. Selon Charline Flore Demgne, point focal de l’UPF- Cameroun à l’Ouest, l’édition 2025 a marqué un tournant avec l’introduction d’une conférence et d’une exposition en lien avec les défis du numérique. Ce rendez-vous, organisé sous le haut patronage du président du Conseil régional de l’Ouest, s’est voulu une réflexion profonde sur l’impact croissant de l’intelligence artificielle et des technologies numériques sur le photojournalisme. Selon Éric Elouga, journaliste et représentant de la présidente de l’UPF-Cameroun, la révolution numérique bouleverse les pratiques journalistiques traditionnelles.
L’émergence de technologies avancées, notamment l’IA, modifie profondément le paysage du journalisme, et plus particulièrement celui du journalisme visuel. La conférence, conduite par l’UPF-Cameroun, a rappelé les enjeux éthiques, sociaux et professionnels liés à l’essor de l’intelligence artificielle, comme l’a souligné Dr Me Hervé Jérémy Mabouo, enseignant et avocat au barreau du Cameroun. « L’intelligence artificielle, en particulier dans la création d’images et de reportages, soulève des questions fondamentales sur la véracité des informations. Dans un contexte où les images sont souvent manipulées pour servir des agendas spécifiques, le journaliste se retrouve face à de véritables dilemmes éthiques concernant l’intégrité de l’information », a retenu Charlène Sorelle Teussop, participante et journaliste à la radio Batcham FM.
Placée sous le thème : « Le photojournalisme face au numérique pour relever les défis de l’intelligence artificielle », la rencontre a mis en lumière les nombreux défis auxquels le photojournaliste est désormais confronté. L’essor des images amateurs, le recours croissant aux retouches automatiques par IA et l’usage d’outils numériques pour manipuler les visuels remettent en question l’authenticité de l’information visuelle.
Pour Cyrille Mbia, expert en sécurité des systèmes numériques, la prolifération des images manipulées, souvent générées par IA, appelle à l’élaboration de nouveaux outils de vérification et à une formation renforcée des professionnels des médias. L’IA, a-t-il indiqué, permet aujourd’hui de créer des images de manière totalement automatisée. Mais, selon Pérez Mekem, photojournaliste, ces images « n’ont aucune âme ». Il invite les professionnels à faire des choix d’illustration plus éclairés, en mettant l’accent sur des éléments fidèles à la réalité décrite dans les textes.
Malgré ces défis, le journaliste numérique a une opportunité unique de se réinventer et de s’adapter. La conférence a proposé plusieurs pistes pour faire face à cette nouvelle ère. La question centrale était : comment le photojournaliste peut-il tirer parti des outils numériques tout en respectant les normes éthiques du métier ? « Les journalistes d’aujourd’hui doivent maîtriser non seulement les outils traditionnels de reportage, mais aussi les technologies numériques avancées. Ils doivent comprendre les risques liés à l’utilisation de l’IA dans la création d’images, notamment la désinformation et les faux récits visuels », conclut Charlène Sorelle Teussop.