« La démocratie doit être vécue au Cameroun comme une réalité ouverte et dynamique, et non comme une manifestation sociale chargée des intolérances, des incompréhensions et des impatiences de certains citoyens », a déclaré Paul Biya. Ces propos, qui visent à recadrer la pratique démocratique, interviennent dans un contexte national souvent marqué par la crispation politique et les frustrations sociales, exacerbées par l’approche des échéances électorales.
Pour le Chef de l’État, en poste depuis 1982, la démocratie ne devrait pas être réduite à un simple affrontement entre camps politiques. Il la conçoit plutôt comme un cadre propice à la « construction collective », fondée sur le « respect des institutions et de la diversité d’opinions ».
Cette prise de parole de Paul Biya est d’autant plus significative qu’elle coïncide avec un climat politique tendu. Le pays fait face à des revendications persistantes de réformes électorales de la part de l’opposition et de la société civile, ainsi qu’à des critiques récurrentes concernant le manque d’alternance démocratique. De surcroît, sa déclaration intervient peu après le « séjour agité » de l’opposant Maurice Kamto à Douala, un événement qui a mis en lumière la vivacité des tensions politiques sur le terrain.
Le message du Président Biya peut être interprété comme un appel à la retenue et à la responsabilité de tous les acteurs politiques et sociaux, dans le but de préserver la stabilité et l’unité du pays en vue du scrutin à venir. La question de savoir si cet appel sera entendu et parviendra à apaiser le débat politique reste ouverte.