Rappeur à la base, l’artiste revendique d’être un électron libre capable de mixer plusieurs genres musicaux. Il présente sa vision artistique et ses perspectives de carrière.
12 ans de carrière c’est un cap important pour un artiste. Quelles sont les réalisations pour lesquelles vous êtes le plus fier ?
12 ans, c’est quelque chose de magique et hallucinant. Ce n’est pas évident mais il y a encore du chemin à parcourir. Nous sommes heureux d’avoir tenu aussi longtemps. Il y a eu pas mal de prix que nous avons gagnés. Je pense que la plus grande réalisation à la fin de la journée, c’est cette victoire d’avoir gagné le cœur du peuple car ça n’a pas de prix. C’est quelque chose de super grand. Récemment également, on a reçu le prix Etoiles d’or qui nous a été décerné par l’université de Douala. C’est galvanisant d’être reconnu comme leader par l’établissement où nous avons été formés. Mais comme je dis, il y a des moments qui ont marqué ma carrière comme ce jour où ma mère est venue me voir en concert. Malheureusement, je n’ai jamais eu l’occasion d’inviter mon père en concert et j’espère que pour le festival Living Together et le grand concert prévu en juillet, il sera là en esprit. Je suis fier d’appartenir à un pays qu’on appelle le Cameroun et de voir toute cette belle jeunesse se construire. Donc je pense que ma plus grande réalisation c’est vous, le public. Car il n’y a pas meilleure richesse que l’homme.
Au bout de ce riche parcours, vous définissez-vous toujours comme un artiste rappeur ?
Je suis un artiste tout court. Je fais du rap, de l’afro trap, du dancehall. Je fais beaucoup de mélanges, je suis inarrêtable. Je ne me mets jamais dans les cases. Je ne me mettrais jamais dans une case. Mais là, l’essence, c’est le rap. Je continue de pousser et on fait ce qu’on peut faire. Donc moi, je suis vraiment versatile et je pense que jusqu’à ce que je meure, ça sera comme ça.
Un certain public a toujours des difficultés à comprendre votre direction artistique Ils ne savent pas toujours dans quel cadre vous positionner. Pouvez-vous nous clarifier votre vision ?
Ma vision artistique est plutôt iconoclaste, qui montre qu’on peut quitter du bas pour le haut. Et quant aux personnes qui ne savent pas dans quelle case me mettre, je suis content qu’ils ne sachent pas dans quelle case me mettre. Je ne suis pas né pour être maîtrisable. Donc à ceux qui se reconnaissent dans ce qu’on fait, force à eux. Et ceux qui ne se retrouvent pas, forcés eux aussi. Et je pense que les plus résistants auront raison de me suivre.
Vous avez eu de grosses collaborations à l’étranger. Vous avez rencontré des figures de la musique mondiale en Afrique du Sud, aux Usa… Quel a été l’impact de ces rencontres dans votre direction musicale ?
Comme je le disais, il n’y a pas plus grande richesse que l’homme. J’ai gagné des amis, j’ai vu des gens, j’ai partagé les loges avec Janet Jackson plusieurs fois. La musique nous donne l’occasion de rencontrer des personnes qu’on a l’habitude de voir de loin. Je dirai que c’est beaucoup de richesses et beaucoup de grandeur. Mais à la fin de la journée, cela ne change pas qui je suis. Je suis un enfant de Manfé, un enfant de Bafoussam qui rêve et qui va apporter quelque chose de positif à son public. Tout ça à la fin c’est la poursuite du vent. On joue notre partition d’impact, d’expériences et d’échanges humains. Mais à la fin de la journée, ce qui me définit, ce sont ces projets qui visent cette jeunesse qui rêve, qui a besoin de bouger, de vivre, de s’en sortir et c’est ça le plus important.
Après ce festival, cette célébration de 12 années de durs labeurs, quelles seront vos perspectives pour les mois à venir ?
Forcément on a un plan et le plan c’est véritablement ne pas avoir de plan. De vivre et d’avoir le plan de vivre et de penser qu’on est sans limite. Honnêtement si on me disait il y a 15 ans en arrière que je serai entrain de vous parler en ce moment, je n’y croirai pas. J’avais une petite vision. Je sais d’où je viens mais où je vais, je ne sais pas. Je pense que la force de Dieu va nous ramener sur le bon chemin. En attendant, tant qu’on peut, tant qu’on vit, on va essayer de faire des trucs qui vont impacter cette belle jeunesse et je pense que c’est là où on pourra tirer satisfaction. C’est très difficile quand on connaît déjà l’arrivée et moi je pense qu’on apprend toujours.
Vous avez laissé sous-entendre que votre prochain concert sera le dernier. Doit-on s’inquiéter ?
Je suis fatigué, je vieillis déjà. Cela fait 12 ans que j’ai sorti « Hein père » donc je dois me reposer et penser à autre chose. Que je dois répondre à d’autres appels. Ne soyez pas inquiets, je vous verrai.
Propos recueillis par Elsa Kane