La scène politique camerounaise reste en suspens quant à la candidature de Cabral Libii à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Aux prises juridiques avec Robert Kona à la tête du PCRN depuis des années, le député à l’Assemblée Nationale peine toujours à voir les portes de la course qui mène à Etoudi lui être ouvertes. A chaque brin d’espoir qui se pose, Kona s’oppose et s’interpose pour rappeler ses prérogatives de « président fondateur » du parti.
En effet, le jeudi 19 juin dernier, la Cour d’appel de l’Extrême-Nord du Cameroun a confirmé la décision de première instance, déboutant définitivement Robert Kona dans le litige qui l’oppose à Cabral Libii pour le contrôle du parti. Cette décision est censée mettre fin à une longue période de crise de leadership et de bicéphalisme au sein du parti d’opposition, reconnaissant Cabral Libii comme le président légitime et incontestable du PCRN.
La réaction du camp de Cabral Libii a même été immédiate et triomphale. Anne Féconde Noah, porte-parole du parti, a salué cette décision comme une victoire pour le droit et le travail accompli, affirmant que le Président National, légitime et légal du parti, est l’Honorable Cabral Libii. « Le Président National, légitime et légal du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale, est l’Honorable Cabral LIBII. Qui leur a fait croire qu’après, tant de sacrifices, tant d’engagement à faire du PCRN une machine politique redoutable, ils pourraient détruire le travail de milliers de citoyens pour des intérêts aussi bas? La justice a confirmé la position du droit. », a-t-elle écrit.
Robert Kona sème le doute
Cependant, l’épilogue attendu de cette bataille judiciaire est loin d’être écrit. Robert Kona, cofondateur du PCRN, a immédiatement annoncé son intention de se pourvoir en cassation. Une démarche qui relance le débat sur les effets juridiques de cette procédure et ses conséquences potentielles sur la candidature de Cabral Libii à la présidentielle de 2025.
Certains observateurs estiment qu’un tel recours pourrait suspendre les effets de la décision de la Cour d’appel. Dans ce scénario, ni Cabral Libii ni Robert Kona ne pourraient alors se revendiquer comme président légitime du PCRN, ce qui, selon cette lecture, rendrait « caduque la candidature de Cabral Libii ».
Assurances du PCRN
Du côté de Cabral Libii, l’assurance est affichée. L’intéressé lui-même a déclaré lors d’un congrès organisé par ses partisans le 23 juin que « Le pourvoi ne suspend pas les effets d’un arrêt rendu par une Cour d’appel. […] Restons concentrés sur le cap fixé en octobre 2025 ». Anne Féconde Noah, responsable de la communication du PCRN, partage cette position, affirmant que « le pourvoi en cassation n’aura absolument et strictement aucune incidence sur la candidature du président national Cabral Libii ».
Toutefois, le discours du PCRN se nuance à l’analyse. Anne Féconde Noah admet que « en l’état actuel des évolutions judiciaires, la candidature de Cabral Libii n’est pas menacée », mais elle reconnaît aussi qu’il existe des moyens de « geler la décision favorable rendue par la Cour d’appel ».
Nuances juridiques
L’avocat Claude Assira éclaire le débat juridique en précisant que « Le pourvoi seul n’est pas suspensif ; il faut y ajouter une demande de sursis ». Cela signifie que pour que la procédure en cassation empêche Cabral Libii de se présenter, il faudrait qu’un sursis à exécution soit expressément accordé. Même dans cette hypothèse, le PCRN se veut rassurant : « Si la partie adverse parvenait à obtenir un sursis à exécution, cette décision, conformément à la loi, ramènerait les deux parties aux résolutions du congrès du 11 mai 2019, selon lesquelles Cabral Libii est le président national du PCRN », a souligné Anne Féconde Noah.
Approché par SBBC, Me Gérard Dili, avocat de Robert Kona, n’a pas souhaité commenter la procédure en cours.
Le temps est désormais un facteur crucial. La Commission électorale nationale autonome (ELECAM) a fixé au 22 juillet la date limite de dépôt des candidatures. En cas de contestation ou de rejet, le Conseil constitutionnel aura le dernier mot dans le cadre du contentieux préélectoral. Ce qui ajoute une couche d’incertitude à la course présidentielle de Cabral Libii.