Le paysage politique camerounais est en pleine ébullition. Des démissions ministérielles retentissantes et des tensions grandissantes au sein même du parti au pouvoir, le RDPC, assurent la mise en chauffe. Dans ce climat d’incertitude à l’approche de la présidentielle de 2025, des propos fermes attribués à Grégoire Owona, Secrétaire général adjoint du Comité central du RDPC, font écho aux bouleversements en cours.
Le Grand Nord fait-il du chantage à Paul Biya ?
Selon des sources bien introduites, Grégoire Owona aurait haussé le ton lors d’un échange privé. Il aurait accusé certains cadres originaires du Grand Nord de se livrer à du « chantage politique » envers le président Paul Biya. Cette sortie de Grégoire Owona intervient dans un contexte particulièrement sensible. Elle fait suite à la démission très médiatisée d’Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre et désormais candidat déclaré à la présidentielle.
La tension est d’autant plus vive qu’une autre démission majeure est annoncée : celle de Bello Bouba Maïgari, président de l’UNDP et figure politique influente du Grand Nord, qui occupe le poste de ministre d’État, ministre du Tourisme et des Loisirs depuis décembre 2011. Des sources indiquent que, après sa probable démission, Bello Bouba Maïgari devrait également annoncer sa candidature à l’élection présidentielle, accentuant le sentiment de fronde au sein de l’ancienne coalition présidentielle.
Les démissions ministérielles : un acte rare et symbolique
Dans ce contexte de turbulences, la question des démissions ministérielles revêt une importance particulière. Jean-Pierre Bekolo, activiste politique et membre de la société civile, a récemment déclaré que « les ministres qui démissionnent ne trahissent pas; ils ouvrent les yeux ». Une lecture qui confère à ces actes une dimension de lucidité et de courage plutôt que de trahison.
Historiquement, les démissions de ministres sous le long règne du président Paul Biya ont été des événements rares. Jusqu’à présent, seuls cinq ministres ont osé franchir cette ligne, marquant chaque fois leur époque : Maurice Kamto, Issa Tchiroma, Garga Haman Adji, Titus Edzoa, et Nana Sinkam. Leur départ a toujours résonné comme un acte fort, souvent interprété comme un mélange de conviction personnelle, de rupture avec le système en place, ou de repositionnement stratégique en vue d’échéances futures.
Face à cette dynamique historique, Lebledparle.com s’interroge : « 2025 serait-elle l’année des grandes ruptures ? » Pour le moment, les analystes s’accordent. Le nombre et le profil des démissions récentes, couplés aux accusations de « chantage politique » au sein du RDPC et aux ambitions présidentielles qui en découlent, suggèrent une période de redéfinition majeure des alliances et des forces en présence sur l’échiquier politique camerounais, évoquent-ils.