Les récentes démissions et annonces de candidature de figures politiques majeures du Nord, jusque-là membres du gouvernement de Paul Biya, suscitent des analyses divergentes au Cameroun. Si certains y voient des signes de vitalité démocratique, le politologue Owona Nguini a livré une lecture bien plus pessimiste lors de son passage à l’émission « Libre Expression » ce dimanche 29 juin 2025.
Pour Owona Nguini, les mouvements d’Issa Tchiroma Bakary (ex-ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, ayant officiellement démissionné) et de Bello Bouba Maïgari (encore Ministre du Tourisme, mais candidat déclaré) ne sont pas des preuves de dynamisme démocratique. Au contraire, il les perçoit comme les symptômes d’un « système politique à bout de souffle », toujours miné par des logiques anciennes et des pratiques héritées.
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Le politologue a tenu à rappeler la coresponsabilité de ces figures dans le bilan actuel du régime : « Tchiroma et Bello Bouba ne peuvent s’exclure des périodes au cours desquelles ils ont été associés au mécanisme gouvernant. Ils sont coresponsables du bilan du régime Biya. » Cette affirmation souligne que leurs ruptures, bien que très médiatisées, ne les dédouanent pas de leur participation passée à la gouvernance.
Owona Nguini va plus loin en dénonçant ce qu’il identifie comme la « résurgence de vieilles tendances politiques », qui persistent depuis les années 1950 à savoir « Le prophétisme politique et le messianisme » et le clientélisme électoral ».
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Owona Nguini conclut en soutenant que ces « ruptures tardives » ne traduisent pas une véritable évolution ou maturation du système politique camerounais. Il y voit plutôt une « recomposition de façade », qui masque des « logiques tribalo-politiques profondément enracinées ». Son analyse sans concession invite à une lecture critique des événements politiques actuels, au-delà des annonces spectaculaires.