Opposants déterminés au retour du multipartisme au Cameroun en 1991, ils ont tour à tour accepté de participer à la gouvernance du pays aux côtés du président Paul Biya. A la veille de la présidentielle de 2025, chacun dessine une nouvelle trajectoire.
Depuis quelques semaines au Cameroun, tous les regards convergent vers le Grand Nord. A mesure que l’élection présidentielle approche, des acteurs politiques des trois régions septentrionales font bouger les lignes. Le 24 juin dernier, Issa Tchiroma Bakary a remis sa lettre de démission au Premier ministre chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute. Le lendemain, il s’est envolé pour Garoua, sa ville natale. Là, en début de soirée, il a officialisé l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2025 dans une lettre adressée à ses compatriotes. Il portera les chances du FSNC.
Pendant ce temps, son ancien compagnon des années 1990, Bello Bouba Maïgari, a attendu trois jours, pour confirmer la rumeur. Le ministre d’Etat, ministre du Tourisme et des Loisirs, a aussi annoncé sa candidature lors d’une réunion du Comité central de son parti l’Undp.
Les deux intentions issues des deux personnalités sont sur toutes les lèvres. Elles marquent une rupture d’alliance politique entre les deux hommes et le président Paul Biya. Ils l’ont soutenu pendant une vingtaine d’années. Tout comme, durant cette période, ils ont tiré des bénéfices en participant à la gouvernance du pays. Leur distance avec le rassemblement démocratique du peuple camerounais marque un nouveau départ pour les deux. Ils étaient du camp de l’opposition en 1991 et 1992.
Appartenant au même parti, l’Undp, avec Ni John Fru Ndi du Sdf, ils ont rendu la tâche difficile au président Paul Biya. À la présidentielle, ce dernier a été déclaré vainqueur avec une différence de 4% des suffrages. Au Parlement, le Rdpc, parti au pouvoir a remporté 88 sièges sur 180, les 92 autres revenaient à l’opposition, dont 68 à l’Undp, 18 à l’UPC et six au MDR.
Mais, leur alliance avec le Rdpc à l’élection présidentielle et leur intégration ou réintégration au gouvernement ont signé leur distance avec le bloc de l’opposition. Même s’ils ont gardé la main lors des élections parlementaires et locales, ils ont misé sur l’alliance lors de la principale élection pour se maintenir au gouvernement.
À l’approche d’octobre 2025, ils lâchent le Rdpc. Un signe, à en croire l’hypothèse de Issa Tchiroma Bakary, que le président Paul Biya ne serait pas candidat. Et que le Nord est décidé à tout faire pour remporter la présidentielle et reprendre le pouvoir perdu en 1982. Les deux figures qui ont évolué avec le président Paul Biya étaient proches du président Ahmadou Ahidjo. Leur défi est à présent de remobiliser la base militante en quelques mois pour espérer gagner l’élection.
En dehors des deux, des acteurs politiques du Grand Nord battent le tam-tam du rassemblement en vue du changement du régime. Le Mouvement 11 millions de Nordistes se déploie depuis des années sous la conduite de Guibai Gatama. « Hier nous étions le marché Mboppi où chacun venait faire son commerce politique. Aujourd’hui, nous fermons le marché pour des raisons de salubrité publique. La date de réouverture vous sera communiquée très prochainement », a-t-il déclaré le 27 juin.
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