Selon Emmanuel Binyam, la critique selon laquelle « Paul Biya dirige le Cameroun par procuration » et ne « gère plus le Cameroun » n’est pas nouvelle. Il a rappelé que cette dénonciation est portée « avec véhémence » par Maurice Kamto, figure de l’opposition et président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), « depuis 2019 ». Cette persistance de la question au fil des ans souligne la récurrence des doutes sur la centralité et l’exercice réel du pouvoir présidentiel au Cameroun.
Ce qui, pour le militant du MRC, vient « confirmer » cette thèse, c’est la « sortie » toute récente de Issa Tchiroma Bakary. Bien que le contexte précis de cette « sortie » de Tchiroma ne soit pas détaillé ici, son évocation par Binyam dans cette émission télévisée indique qu’elle a visiblement apporté de l’eau au moulin de ceux qui soutiennent la thèse d’une présidence agissant par délégation étendue, voire par désengagement.
Cette déclaration d’Emmanuel Binyam sur une chaîne à forte audience comme Equinoxe TV, intervient alors que le pays, sur de hautes tensions, se prépare aux échéances électorales de 2025, avec des défections et des déclarations de candidature de ceux-là même qui ont toujours été considérés comme des alliés du président sortant.
Sur très hautes instructions du Chef de l’État, le Ministre d’État, Secrétaire Général de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, a lancé à Yaoundé une série de concertations de haut niveau avec les membres du Gouvernement et les Parlementaires. L’objectif affiché de ces rencontres est de mobiliser les forces vives, d’affiner les stratégies régionales et de préparer « une victoire éclatante et sans bavure au prochain scrutin ». Ces concertations ont débuté le 1er juillet avec les délégations venues de l’Extrême-Nord, suivie ce mercredi par celles du Nord, avant de s’étendre aux autres régions du pays dans les prochains jours.
Des concertations projettent l’image d’un Paul Biya « serein et déterminé » qui trace sa feuille de route pour 2025. Mais, en coulisses, une question fondamentale revient avec insistance dans les couloirs de l’administration : Paul Biya veut-il vraiment encore gouverner ? Ou s’agit-il pour lui de continuer à incarner un pouvoir qu’il aurait déjà, de facto, remis entre les mains de ses fidèles ?