Joseph Beti Assomo rappelle aux chefs militaires que selon la règlementation en vigueur, plusieurs ministres ont récemment eu droit aux honneurs non mérités et dans des conditions ridicules.
« Chacun fait déjà comme il veut dans le pays-ci. Qui va désormais se négliger ! ». Ainsi s’exprime sur Facebook Boris Bertholt, lanceur d’alerte, après les honneurs militaires rendus à Mme Célestine Ketcha Courtes, ministre de l’Habitat et du Développement urbain, qui a séjourné à Bafoussam du 30 juin au 7 juillet 2025, pour présider la célébration de la 39ème édition de la Journée mondiale de l’Habitat. A l’occasion, une note du directeur du Cabinet civil de la Présidence au gouverneur de l’Ouest la présente comme la représentante personnelle du chef de l’Etat. Et prescrit de « prendre les dispositions d’usage en vue du bon déroulement de cette mission ». Comme signe de puissance et de rayonnement, la note a été largement diffusée par la nombreuse communauté des courtisans du ministre sur la toile, de même que les images de cette revue des troupes pas très correcte, au sens des connaisseurs. Entre autres, la fanfare est visiblement civile, le pas de la ministre était peu assuré, et elle portait un sac à main. Des échos vont retentir plus tard pour Jules Doret Ndongo, un autre de ses collègues du gouvernement, qui s’est limité à passer en revue des troupes internes à son département ministériel.
De plus en plus dans les villages, même lors des cérémonies banales, des hauts commis de l’Etat se font rendre des honneurs militaires, que rien ne justifie apparemment. « Les honneurs militaires sont parfois rendus à certains membres du gouvernement et autres hauts responsables de l’Etat en séjour officiel dans vos unités de commandement, en violation flagrante des textes règlementaires y afférents, à la stupéfaction de l’opinion publique abasourdie devant ce spectacle », critique le ministre de la Défense dans une note du 11 juillet 2025, adressée à tous les gouverneurs de région mais aussi au Sg/Pr, au Dcc/Pr, au Sg/Pm, au Minat, au Sed, au Dgsn, au Chef d’état-major des armées, les chefs de régions militaires et les chefs de régions de gendarmerie. Plus grave, note Beti ASsomo, « ces pratiques (…) tendent à se répéter ». Il prescrit aux gouverneurs d’y mettre fin, parce qu’elles renvoient « l’image d’une administration inconséquente et triviale » et « écornent gravement l’image de marque des institutions républicaines ».
Respecter la règlementation
Dorénavant, souligne-t-il, les honneurs militaires ne devront être rendus qu’aux personnalités dûment désignées par le chef des Forces armées, et pour lesquelles il existe « une correspondance officielle de son collaborateur militaire compétent en la matière ». Pas de rattrapage. « Aucune initiative locale ne saurait être prise pour ce faire ». Le ministre rappelle que les honneurs militaires sont régis par des textes qu’il faut respecter scrupuleusement. Ce sont les décrets n°76/424 du 16 septembre 1976 et n°2007/199 du 7 juillet 2007. Le ministre espère ainsi mettre fin à des « pratiques illégales et fantaisistes ». Parfois conduites dans des conditions de bricolage déplorables. « Vous voudrez bien également interdire aux fanfares d’opérette animant fêtes, foires, kermesses et autres cérémonies publiques ou privées, de brandir le drapeau de la République qui mérite soins, attentions et respect civique ».