Selon le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027, la pression fiscale, qui correspond à la part des impôts dans le produit intérieur brut (PIB), va s’accroître au Cameroun au cours de la période. Dans le détail, alors qu’elle ressort à 13,6% du PIB en 2024, le taux de pression fiscale au Cameroun est attendu à 14% en 2025, puis à 14,2% et 14,4%, respectivement en 2026 et 2027. L’analyse des données compilées dans ce document élaboré par le ministère des Finances révèle que le taux de pression fiscale annoncé pour 2027 est le plus élevé sur une période de six ans.
Mais, en dépit de la progression de cet indicateur au Cameroun, la Direction générale des impôts (DGI) du ministère des Finances fait remarquer que la pression fiscale dans le pays reste inférieure à la moyenne africaine, évaluée à 17,2% il y a quelques années. « Il est généralement admis que la part des prélèvements obligatoires dans la richesse nationale doit atteindre au moins 25% pour être significative et engendrer un véritable développement », soutient-on à la DGI.
Pour l’heure, on ignore si cette augmentation projetée de la pression fiscale au Cameroun passera par une hausse des impôts existants, la création de nouveaux prélèvements, l’élargissement de l’assiette fiscale ou une combinaison de ces trois options. Quoi qu’il en soit, cette dynamique suscitera des critiques, notamment des milieux d’affaires, qui accusent déjà l’État d’asphyxier les entreprises.
Une fiscalité jugée «confiscatoire»
À titre d’exemple, dans une enquête sur le climat des affaires dans le secteur industriel, récemment publiée par le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), 81 % des chefs d’entreprises au Cameroun jugent le taux de pression fiscale élevé, 18 % le trouvent moyen, et seulement 1 % le considèrent faible. Pour Célestin Tawamba, président du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam), la fiscalité des entreprises dans le pays est tout simplement “confiscatoire”.
Au demeurant, selon certains experts, le problème de la fiscalité au Cameroun ne réside pas tant dans la pression fiscale que dans l’équité fiscale. Les défenseurs de cette thèse soutiennent que la charge fiscale repose principalement sur un petit nombre de contribuables, en particulier les grandes entreprises, tandis qu’un grand nombre de potentiels contribuables échappent encore au fisc. Dans un rapport de 2021 sur la gouvernance et la corruption au Cameroun, le Fonds Monétaire International (FMI) souligne à cet égard que « les grandes entreprises formelles au Cameroun sont non seulement grevées par un taux d’imposition global élevé, mais aussi soumises à des restrictions exceptionnellement sévères en matière de déductions fiscales ».
L’institution de Bretton Woods fait également savoir que « des charges fiscales effectives élevées sur les bénéfices des entreprises formelles favorisent l’informalité et la déclaration erronée des bénéfices et du chiffre d’affaires ». De ce fait, le FMI propose plutôt aux autorités camerounaises de réduire les taux légaux de l’impôt sur les sociétés, de l’impôt minimum et des systèmes d’imposition forfaitaire (libératoire) et simplifiée prévus dans le Code général des impôts.
Brice R. Mbodiam
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