Lors d’un atelier de formation destiné aux Organismes à but non lucratif et aux Organisations non gouvernementales, Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, a évoqué les sanctions associées à ces problématiques, hier, le 21 octobre 2024, à Yaoundé.
Le Cameroun a récemment réalisé deux évaluations concernant son dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. La première évaluation, une analyse nationale des risques, a été conduite par un comité dirigé par l’Agence nationale d’investigation financière (Anif). La seconde, une évaluation mutuelle, a été menée par le Groupe d’Action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale, qui a présenté un rapport sur cette évaluation. Les résultats de ces rapports soulignent que les Organismes à but non lucratif (OBNL) et les Organisations non gouvernementales (ONG) opérant au Cameroun doivent améliorer la transparence dans la gestion de leurs finances. Ce point a également été abordé lors d’un atelier de sensibilisation présidé par Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, qui s’est tenu hier, 21 octobre 2024 à Yaoundé.
Le ministre de l’Administration territoriale souligne que le secteur des Organismes à but non lucratif présente des vulnérabilités face au blanchiment de capitaux et, en particulier, au financement du terrorisme. Selon lui, ces organisations peuvent se montrer complices, que ce soit de manière passive ou active, de ces comportements répréhensibles. Pour remédier à cette situation, une note de service n°000014/NS/MINAT/SG/DAP/DAJ datée du 09 avril 2024 a été adressée aux responsables des services centraux chargés du contrôle des OBNL. Cette note vise à élargir les contrôles dans les domaines du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. De plus, les gouverneurs de région ont également reçu des instructions concernant les vérifications à réaliser par les services locaux compétents.
Lors de son allocution, le Minat, a souligné les nouvelles obligations qui incombent aux différentes organisations. Il a précisé que, dans un premier temps, celles-ci doivent fournir à tout moment des informations sur l’objet et la finalité de leurs activités. En second lieu, elles doivent mettre à disposition des autorités de contrôle leurs états financiers, comprenant une ventilation des recettes et des dépenses. Troisièmement, les structures doivent être équipées de mécanismes pour lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Elles doivent également instaurer des mécanismes de contrôle pour garantir que tous les fonds soient correctement comptabilisés et utilisés conformément à l’objet et à la finalité des activités déclarées. Enfin, elles sont tenues de conserver pendant dix (10) ans les relevés des opérations et de les mettre à disposition des autorités.
De plus, une étude est en cours pour évaluer les risques liés à l’utilisation abusive des OBNL pour le financement du terrorisme au Cameroun. Ce rapport devrait permettre d’établir une cartographie des OBNL en fonction du niveau de risque identifié. Pour renforcer ses instructions, deux thématiques ont été présentées aux participants : le cadre juridique régissant les OBNL au Cameroun et les types de financement disponibles pour ces organisations. À l’issue de ces échanges, il a été rappelé aux participants les sanctions que le Minat peut imposer en cas de financement du terrorisme ou de blanchiment de capitaux : « suspension, retrait d’autorisation et dissolution », a-t-il précisé.
Le rappel des sanctions a conduit Blaise Bodi Mba, président national et administrateur des organisations de la société civile (OSC), à prendre conscience de ses responsabilités. Il a également salué l’initiative du Minat, soulignant que le blanchiment d’argent est un fléau qui doit être combattu de toute urgence. Les OBNL et les ONG sont donc appelés à respecter rigoureusement les prescriptions établies, qui seront soumises à des contrôles réguliers par les services techniques compétents du Minat et les autorités administratives. Cela vise à éradiquer ces fléaux susceptibles de nuire à ce secteur d’activité et d’affecter négativement la crédibilité du pays.
Roseline Ewombe Eboa (Stagiaire)