La Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), la super-mairie de la capitale camerounaise, en partenariat avec la société International Solution Environnement, devrait lancer, dès l’année 2025, la mise en œuvre d’un projet de valorisation des déchets, grâce à des financements mobilisés par le cabinet britannique Baruk Capital Partners. Selon les informations glanées à l’issue d’une récente séance de travail entre les parties à Yaoundé, l’année 2025 devrait être consacrée à l’exécution, dans l’une des sept communes de la capitale, de la collecte sélective des déchets, la mise en place d’un centre de stockage et de tri, d’un centre de méthanisation adapté aux volumes de déchets collectés et d’une unité de plasturgie adaptée aux volumes de plastiques recyclables collectés.
Cette première phase du projet, apprend-on, intègre également des analyses détaillées des besoins de la ville de Yaoundé en unités d’incinération des déchets non recyclables. Une fois cette phase terminée, devraient alors débuter, dès l’année 2026, les travaux de la phase 2 du projet. D’un montant d’environ 50 milliards de FCFA, celle-ci devrait consister, apprend-on, à l’extension à l’ensemble des communes de la ville de Yaoundé des infrastructures de collecte et de valorisation des déchets déjà mises en place dans le cadre de la première phase du projet.
À l’horizon 2030, la CUY et ses partenaires ambitionnent de mettre en place une unité d’incinération des déchets non valorisables. Cet investissement, évalué à environ 30 milliards de FCFA, apprend-on, devrait permettre, dès l’année 2035, de diminuer de 70 % l’enfouissement des déchets produits dans la ville de Yaoundé.
« Il est important d’adopter une gestion moderne des déchets, indispensable pour l’avenir de la ville. Ce projet s’inscrit dans une démarche visant à réduire l’enfouissement des déchets et à valoriser les matières premières réutilisables. De même, le projet va améliorer la qualité de vie des habitants, les quartiers plus propres et renforcer la lutte contre la pollution. Ce modèle pourrait servir d’exemple pour encourager une gestion durable des ressources à travers le pays », confie Hermann Bertrand Assiga Ebana, le secrétaire général de la CUY.
Insuffisance des financements
La super-mairie de la capitale camerounaise, que dirige Luc Messi Atangana (photo), peaufine ce projet au moment où la gestion des ordures ménagères et autres déchets devient un véritable casse-tête, en raison principalement de l’insuffisance des financements destinés à cette activité. Selon une étude de la Banque mondiale remontant à 2016, citée par Jean-Pierre Ymele, le directeur général de la société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam), Yaoundé avait besoin, à cette époque, d’un minimum de 15 milliards de FCFA chaque année pour garantir la collecte des ordures. Mais, apprend-on effectivement, par an, le gouvernement n’alloue qu’un budget d’un peu plus de quatre milliards de FCFA à cette activité. Ce qui représente 85 % de l’enveloppe globale, dont les 15 % restants sont complétés par la CUY.
Mieux, dans la perspective de son désengagement progressif du financement de la gestion des déchets, le gouvernement a institué un droit d’accise spécial sur le ramassage des ordures. Au moment de sa mise en place dans la loi de finances 2019 de l’État, cette taxe correspondait à 0,5 % de la base imposable de toutes les marchandises importées, exception faite des importations en franchise prévue par l’article 276 du Code des douanes de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). En 2022, le taux d’imposition de cette taxe a été revalorisé à 1 %.
Cependant, révèlent les données officielles, le fruit de cette taxe (60,6 milliards de FCFA collectés entre 2020 et 2022, selon la douane) demeure insuffisante pour gérer efficacement les déchets dans le pays, et principalement dans la capitale. Pour rappel, dans la ville de Yaoundé, les deux opérateurs contractuels pour la gestion des ordures (Hysacam et Tychlof) collectent environ 1200 tonnes par jour, sur environ 2600 tonnes produites quotidiennement par les entreprises et les ménages, selon les estimations de la CUY.
Brice R. Mbodiam
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