Un rare moment de consensus marque la classe politique camerounaise. Maurice Kamto, tout comme d’autres personnalités, salue l’ouverture d’une enquête par le ministère de la Défense suite à la diffusion de la vidéo montrant les violences infligées à Longue Longue. Avec cette sortie du Mindef, l’homme politique pense que c’est inédit de voir le gouvernement de Paul Biya vouloir rompre avec l’indifférence qui selon lui, l’a toujours caractérisée face aux cas de violences qui inculpent les forces de sécurité.
« Le Gouvernement de la République semble enfin vouloir rompre avec son indifférence face à la barbarie de certains éléments des forces de sécurité. C’est du moins l’impression qui pourrait se dégager du communiqué signé du Directeur de la communication du Ministère de la Défense en date du 24 octobre 2024, suite à une vidéo montrant le traitement cruel, inhumain et dégradant infligé à l’artiste musicien Longue Longue », explique celui-ci dans une déclaration ce vendredi.
Kamto : « J’ai été moi-même victime de la torture, ainsi que mon vice-président »
L’homme politique n’a pas manqué de rappeler au Mindef l’existence de nombreux autres cas de tortures graves perpétrées contre des citoyens pacifiques par les forces de sécurité, auxquels il n’a jamais été donné une suite quelconque. « Je me limiterai ici aux cas concernant les militants et sympathisants du MRC à l’occasion des arrestations massives, arbitraires et illégales de octobre 2018, janvier et février 2019, et septembre 2020 », clame-t-il avant d’ajouter: « J’en ai été victime moi-même, tout comme le premier Vice-Président de notre parti, M. Mamadou Mota, qui s’en est sorti avec un bras cassé, et son image dégradante jetée en pâture au public. Parmi les cas de plusieurs centaines de victimes de tels traitements, je ne peux ne pas mentionner ceux cruels et insoutenables de M. Wambo survenu le 27 octobre 2018 à Douala, dont le bras fut cassé par un gendarme avec la crosse de son fusil devant un public médusé, et de M. Gaëtan NGANKAM sur qui un policier, sur ordre hiérarchique, a tiré à bout portant, le 26 janvier 2019 à Douala. La vidéo de la scène horrible a fait le tour du monde ».
« Les preuves sont disponibles »
« Les tortionnaires de messieurs Nana Serge Branco, de Patrick Donald Kopwa Djenko, aujourd’hui handicapés à vie, et de dizaines d’autres militants du MRC sont également identifiés. Les preuves irréfutables des actes de ces tortionnaires sont disponibles et attendent que, comme dans cette affaire de torture dont a été victime l’artiste Longue Longue, le Gouvernement ordonne enfin l’ouverture d’enquêtes. Nous tenons à la disposition des autorités compétentes, administratives ou judiciaires, la liste des victimes avec les preuves des actes de torture qui leur ont été infligés, ainsi que la liste des auteurs desdits actes, qu’il s’agisse des tortionnaires ou de leurs supérieurs donneurs d’ordre », conclut Maurice Kamto.