
Le Cameroun expérimente ses semences de blé au Tchad et au Gabon. Il est prévu que cette initiative s’étende aux autres pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), selon le ministère de la Recherche scientifique et de l’innovation (Minresi). « Les pays de la sous-région comptent sur le Cameroun », a expliqué Eddy Ngankeu, conseiller technique n° 2 du Minresi, dans une capsule vidéo où il confirme que Yaoundé a bien l’intention de se positionner comme le hub de la production de blé dans la zone Cemac.
Cette ambition tient au fait que le Cameroun a des atouts à faire valoir. « Dans la sous-région, nous sommes le seul pays à avoir cinq zones agroécologiques. C’est pourquoi, toutes les semences développées au Cameroun peuvent être dispatchées dans les autres pays. C’est ce qui fait la force du Cameroun », explique Eddy Ngankeu.
Mais, en plus de cet atout agricole, le Cameroun bénéficie également de sa longue expérience dans la production de blé. D’abord avec la Société de développement du blé (Sodeble), une exploitation agricole créée en 1975 à Wassande, à 80 kilomètres de Ngaoundéré, dans la région de l’Adamaoua. La Sodeble a atteint une production annuelle de 10 000 tonnes avant de faire faillite et de fermer. Plusieurs années après cette première expérience, le Cameroun a jugé bon de relancer cette filière en commençant par la production de semences, une tâche confiée à l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD).
Souveraineté
La position de hub que le Cameroun occupe est présentée comme un modèle au sein du Réseau collaboratif du blé en Afrique de l’Ouest et du Centre (WecaWheat), une initiative qui regroupe 52 pays qui a vu le jour en 2023 en réaction à la crise en Ukraine responsable d’une inflation des céréales sur le continent. Le WecaWheat, qui tenait son deuxième sommet à Abuja au Nigeria au le mois dernier, a recommandé au Cameroun d’accompagner ses voisins vers la souveraineté en matière de production et de transformation du blé. Il est d’ailleurs fort possible que le Cameroun abrite le prochain sommet de cette initiative, qui loue ses avancées dans la recherche et l’expérimentation des premières semences sorties des laboratoires de l’IRAD.
En rappel, le Cameroun a déjà développé une cinquantaine de semences de blé. Elles sont expérimentées à Wassande sur une superficie actuelle estimée à près de 300 hectares. L’objectif poursuivi par Yaoundé est la maîtrise complète de la chaine de valeur du blé dans les prochaines années afin de s’affranchir des importations qui coûtent plus de 250 milliards de FCFA à l’État chaque année.
Michel Ange Nga