Assassiné par l’armée coloniale française dans le maquis camerounais le 13 septembre 1958, Ruben Um Nyobe, combattant pour l’indépendance et secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun (UPC), avait prononcé six ans auparavant un discours historique aux Nations unies. Ce discours, prononcé en 1952, exposait ses ambitions pour l’avenir du Cameroun et ses relations complexes avec la France.
Ruben Um Nyobe, une Figure Incontournable de l’Histoire Camerounaise
Chaque année, le 13 septembre, Ruben Um Nyobe reste une figure méconnue dans l’actualité au Cameroun. Bien qu’assassiné il y a plus de soixante ans par l’armée française, l’indépendantiste, souvent marginalisé dans les programmes scolaires, n’a pas encore totalement obtenu la reconnaissance qu’il mérite dans l’histoire nationale.
Symbole de l’indépendance pour certains, oublié par beaucoup d’autres, Um Nyobe, surnommé le « Mpodol » (porte-parole en langue bassa), demeure une voix essentielle dans la lutte pour l’émancipation du Cameroun.
Un Défenseur de la Liberté Camerounaise
En tant qu’orateur charismatique, Um Nyobe dénonçait sans relâche les injustices de la colonisation française, critiquant le système colonial et la collaboration de certains Camerounais avec les responsables coloniaux. Entre 1952 et 1954, il se rendit à trois reprises aux Nations unies, à New York, malgré les efforts constants des autorités françaises pour l’en empêcher, notamment en lui refusant des visas.
En 1955, après l’interdiction de l’UPC, Ruben Um Nyobe se réfugia dans le maquis. Il y trouva la mort le 13 septembre 1958, en pleine forêt de Boumnyébel, dans la région bassa.
Un Héros Ignoré, une Voix Réprimée
Bien que son engagement et ses sacrifices pour la libération du Cameroun aient marqué l’histoire, la mémoire de Ruben Um Nyobe est encore loin d’être pleinement reconnue dans son pays. Le « Mpodol » (porte-parole en bassa), figure centrale de l’indépendance, a été longtemps effacé des manuels scolaires et des célébrations officielles. Alors qu’il est commémoré chaque 13 septembre par d’anciens militants de l’UPC, il demeure une figure divisive, ignorée par beaucoup, mais vénérée par d’autres.
Un Plaidoyer pour la Liberté
Dans son discours aux Nations unies, Um Nyobe dénonçait avec éloquence l’oppression coloniale, le sort réservé aux indigènes, et le rôle complice de certains Camerounais dans la collaboration avec les colons français. Malgré les efforts du gouvernement français pour lui barrer la route — notamment en lui refusant à plusieurs reprises des visas — il parvint à se rendre à New York à trois reprises entre 1952 et 1954.
Le discours de 1952 marqua un tournant dans la visibilité internationale de la lutte pour l’indépendance camerounaise. Um Nyobe y appelait à la fin de la tutelle française et à l’instauration d’un véritable État souverain.
Une Lutte Tragiquement Conclue
Après la dissolution de l’UPC par les autorités coloniales en 1955, Ruben Um Nyobe prit le maquis, où il mena la résistance jusqu’à sa mort en 1958 dans la forêt de Boumnyébel. Son combat et son sacrifice continuent de résonner pour ceux qui voient en lui « l’âme éternelle de l’UPC », un titre qui dérange encore les régimes successifs du Cameroun, de Ahmadou Ahidjo à Paul Biya.
Le discours intégral de Ruben Um Nyobe à l’ONU en 1952 est un témoignage puissant de son engagement inébranlable pour la liberté et la dignité de son peuple, un moment clé dans l’histoire de l’indépendance camerounaise.