Les difficultés économiques du Cameroun, marquées par une inflation persistante et un essoufflement de la croissance économique au cours de l’année écoulée, ont été attribuées par Paul BIYA dans son traditionnel discours de fin d’année prononcé mardi dernier, à un ensemble de facteurs externes. Les conflits en Ukraine et à Gaza, combinés aux effets du changement climatique et à la volatilité des prix de l’énergie, ont créé un contexte économique mondial défavorable. Ces chocs exogènes selon Paul BIYA, ont directement impacté le Cameroun, un pays fortement dépendant des importations, en provoquant une hausse des coûts de production et en réduisant le pouvoir d’achat des ménages.
« En effet, nous n’avons pas été épargnés, ces dernières années, par une série de chocs exogènes. La guerre en Europe de l’Est, les conflits au Proche-Orient, la morosité du marché des capitaux et des matières premières, les perturbations climatiques, les tensions inflationnistes et les fluctuations des cours du pétrole, ont ralenti nos perspectives de croissance », a indiqué Paul BIYA.
Cependant, malgré ces défis, il a affirmé que la croissance économique du pays est désormais réelle. « Le Cameroun est régulièrement salué par les instances financières compétentes pour sa résilience, malgré un contexte international particulièrement difficile », a-t-il déclaré dans son discours de fin d’année.
Une croissance en hausse malgré les défis
Selon Paul Biya, le Cameroun a réalisé des progrès économiques remarquables en 2024, malgré une situation économique difficile.
Le taux de croissance économique du pays en 2024 est estimé à 3,8 %, avec l’espoir qu’il atteindra 4,1 % en 2025. Pour renforcer davantage la croissance économique, Biya a indiqué que le gouvernement a pris des mesures pour limiter les comportements spéculatifs et augmenter l’approvisionnement en biens essentiels.
Cela a permis de contenir l’inflation à 5 % en 2024, contre 7,4 % en 2023. « Cette tendance devrait se poursuivre en 2025, pour atteindre 4 % », a-t-il ajouté.
Cependant, le discours du président pourrait ne pas refléter les réalités sur le terrain. Depuis 2023, les prix des biens et services continuent d’augmenter et n’ont pas baissé. Le coût de la vie ne cesse de grimper, contrastant avec l’affirmation du président concernant une baisse de l’inflation.
Les fruits de la politique de l’import – substitution
Selon le président Paul Biya, la politique de substitution des importations adoptée par le gouvernement l’année dernière commence à porter ses fruits.
Par substitution des importations, Biya entend une situation où le Cameroun ne dépend plus d’autres pays pour des produits qu’il est capable de produire lui-même.
Cependant, l’attribution des difficultés économiques aux guerres en Europe de l’Est et au Moyen-Orient montre la dépendance continue du Cameroun envers les économies étrangères.
Le pays dépend principalement de l’Ukraine et de la Russie pour le blé, les matériaux de construction, les engrais et les insecticides.
Biya a déclaré que le pays commence progressivement à inverser cette tendance. En 2024, le Cameroun a produit 452 tonnes de semences et 12 800 tonnes de farine.
Mais cette production locale reste largement insuffisante, étant donné que le blé est un aliment de base au Cameroun.
Le président est resté optimiste quant à l’industrialisation locale, notamment avec la transformation du cacao et du café ainsi que le traitement du minerai de fer.