
La Compagnie des bananes de Mondoni (CDBM), 2ᵉ filiale au Cameroun du groupe Compagnie fruitière de Marseille, a considérablement influencé l’activité d’exportation de bannes dans le pays en 2024. Selon les données que vient de publier l’Association bananière du Cameroun (Assobacam), la CDBM a exporté 14 052 tonnes de bananes au 31 décembre 2024. Ce volume représente une hausse de 351 % par rapport à 2023, où l’entreprise avait exporté 3 115 tonnes. Arrivée sur le marché local en juin 2023, cette entreprise a contribué à une augmentation globale des ventes de bananes du Cameroun de 1,8 % en 2024. À en croire les chiffres de l’Assobacam, ces ventes à l’international ont culminé à 210 686 tonnes en 2024, contre 206 852 tonnes en 2023.
La montée en puissance de la CDBM, devenue numéro 3 du marché local de la banane en 2024 devant Boh Plantations Plc (BPL), est un fait marquant. Cette performance a notamment permis d’atténuer le ralentissement des exportations observées à la société des Plantations du haut Penja (PHP), l’autre filiale de la Compagnie fruitière de Marseille au Cameroun. Officiellement, les ventes à l’international du leader du marché camerounais de la banane ont décroché d’un peu plus de 9 000 tonnes au cours de la période sous revue. Concrètement, celles-ci sont passées de 162 267 tonnes en 2023 à 153 258 en 2024, révélant ainsi une baisse des volumes de 5,5 % en glissement annuel.
Le fléchissement des expéditions des bananes de la PHP vers le marché international a également été atténué par les activités de la CDC. Cette unité agro-industrielle publique, qui conserve son rang de numéro 2 du marché de la banane au Cameroun, a vu ses exportations progresser de 2580 tonnes en 2024, passant 29 063 tonnes au 31 décembre 2023, à 31 643 un an plus tard. Mais en dépit de cette embellie, les exportations de la CDC, 2ᵉ employeur du Cameroun après l’administration publique, restent largement en dessous des volumes exportés avant 2016. Cette année correspond au déclenchement des revendications séparatistes dans les deux régions anglophones du Cameroun.
Objectif 500 000 tonnes en 2030
Cette crise socio-politique, dont la CDC continue de payer un lourd tribut, avait notamment contraint l’entreprise aux 22 000 employés (officiellement, environ 5000 ont été perdus du fait de la crise, NDLR) à suspendre ses exportations de bananes entre 2018 et 2020. Nombre de ses installations ayant été détruites, ses employés violentés et certains sites d’exploitation transformés en camp d’entraînement par les militants séparatistes, selon les aveux du top management de cette unité agro-industrielle.
Le producteur privé Boh Plantations Plc, lui, ne porte pas de séquelles de la crise dans les régions anglophones du Cameroun. Mais, ses exportations de bananes ont chuté de 634 tonnes en 2024, atteignant 11 733 tonnes, après 12 367 tonnes à fin décembre 2023. Ce fléchissement des exportations vaut à Boh Plantations Plc de perdre sa place de numéro 3 du marché camerounais de la banane en 2024, au profit de la CDBM qui, à fin 2024, totalise seulement 18 mois d’activités dans le pays.
Pour rappel, principalement vendue dans les pays de l’Union européenne, la banane fait partie du top 10 des exportations non pétrolières du Cameroun. Pour tirer davantage de revenus de ce produit d’exportation, le pays entend porter la production nationale annuelle à 500 000 tonnes en 2030, selon les projections contenues dans la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND 20-30).
Brice R. Mbodiam
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