« Genre et marché du travail au Cameroun : Constats et suggestions ». Tel est l’intitulé d’un rapport publié le 7 janvier 2025 par l’Institut national de la statistique (INS), dans lequel l’organisme en charge de l’élaboration de la statistique officielle au Cameroun révèle les inégalités entre hommes et femmes sur le marché local du travail.
En s’appuyant sur les données compilées dans la 3ᵉ Enquête sur l’emploi et le secteur informel (EESI3) réalisée en 2021, le rapport de l’INS sus-mentionné révèle, par exemple, qu’au Cameroun « la part de la main d’œuvre, encore appelée taux de participation de la main-d’œuvre, est plus élevée chez les hommes (61,4%) que chez les femmes (47,3%) ». Cette participation inégalitaire de 15 points d’écart entre les hommes et les femmes au marché du travail est observée dans le pays, « quel que soit le niveau (d’instruction) considéré », souligne l’INS.
Dans le même temps, la proportion des hommes en situation d’emploi au Cameroun est de 15 points supérieure à celle des femmes. En effet, selon le rapport, 58,3% des hommes disposent d’un emploi, contre seulement 43,7% de femmes. « Suivant l’âge, les femmes âgées de 35 à 59 ans présentent les taux d’emploi les plus élevées (67,1%), bien que ce taux soit inférieur de 21,8% à celui des hommes de la même tranche d’âge (85,8% (…) Les inégalités de sexes observées selon le secteur d’activité montrent que les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans les secteurs primaires et le commerce. Par branche d’activité, elles sont majoritaires par rapport aux hommes dans celles nécessitant peu de qualification, notamment l’agriculture, l’agroalimentaire, le commerce de détail et l’alimentation », soulignent les rapporteurs de l’INS.
En matière de revenus engrangés dans le cadre de leurs activités professionnelles, les femmes sont une fois de plus moins bien loties que les hommes. « Le revenu mensuel moyen de l’emploi principal des femmes de 14 ans ou plus s’élève à 54 528 FCFA, soit un niveau inférieur de 40,9% à celui des hommes (92 202 FCFA). Cette tendance est observée quel que soit le niveau d’instruction et le secteur institutionnel. Toutefois, il convient de noter que les écarts les plus importants sont enregistrés chez les personnes non scolarisés, celles ayant le niveau du primaire, ainsi que celles occupant un emploi dans l’informel agricole ou dans l’informel non agricole », peut-on lire dans le rapport.
Afin de redorer quelque peu le blason des femmes sur le marché du travail au Cameroun, l’INS esquisse des pistes de solutions. Le statisticien public suggère par exemple au gouvernement la poursuite de la politique d’accès équitable des filles et des garçons, des hommes et des femmes à l’éducation et à la formation professionnelle ; l’intensification de la mise en œuvre du programme d’inclusion financière et des concertations avec le système bancaire pour faciliter l’accès au crédit aux femmes entrepreneures ; le renforcement des politiques spécifiques de soutien aux entrepreneures dans le secteur informel, afin qu’elles puissent migrer vers le secteur formel ; ou encore la poursuite de l’arrimage des programmes d’adéquation entre l’éducation, la formation et l’emploi, etc.
Brice R. Mbodiam
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