Les quelques 40 employés de la compagnie aérienne camerounaise Fly ZeJet sont dans le désarroi. Dans une pétition adressée le 9 janvier 2025 aux actionnaires de l’entreprise, ils expriment leurs conditions de vie difficiles depuis la suspension des activités de cette compagnie de transport aérien le 30 avril 2024, suite à un conflit entre les actionnaires. Ces derniers souhaitent également voir Fly ZeJet reprendre les airs, tant l’entreprise réalisait des « performances encourageantes » depuis le lancement de ses activités.
« Il est inadmissible de continuer à plonger les employés dans une souffrance extrême, en retenant leurs salaires depuis plus de huit mois. Chaque employé a une famille à nourrir, des enfants à scolariser et d’autres obligations personnelles à remplir. La situation devient encore plus critique en ce début d’année. En mai 2024, notamment le 22, le Conseil d’administration avait demandé aux employés, par l’intermédiaire du PCA (président du Conseil d’administration), de soutenir la nouvelle direction. Depuis, les employés ont travaillé de bonne foi et avec patience, dans l’espoir de voir des résultats positifs. Cependant, il est devenu évident que les actionnaires et le Conseil d’administration semblaient peu préoccupés par le sort de ces derniers, donnant priorité à d’autres intérêts», se plaignent les employés de Fly ZeJet dans leur pétition.
En effet, tout part du changement de dirigeant à la tête de l’entreprise, au cours d’un Conseil administration organisé le 5 avril 2024. Fondateur de la compagnie, dont il détient 37,5% des parts, Christophe Semengue, ancien cadre chez Air France, est remplacé au poste de directeur général de Fly Zejet par Constant Max Mve Minsi. L’information est révélée dans une note d’information signée le 26 avril 2024 par le PCA, Célestin Nana Tchouankam.
Camair Co au cœur du conflit
Christophe Semengue, dans un communiqué publié le 16 mai 2024, conteste son limogeage et dénonce un « conseil d’administration par embuscade », orchestré par « un groupe d’administrateurs aux intérêts manifestement inavoués ». Le fils du tout premier général de l’armée camerounaise fait ainsi référence aux administrateurs représentant la société Global Trade Corporation Sarl (GTC Sarl), qui a acquis 50% des actifs de Fly Zejet en février 2021. Cette entreprise est contrôlée par Christian Mataga, homme d’affaires réputé proche de Franck Biya, le fils du chef de l’État camerounais.
Le 3ᵉ actionnaire de la compagnie, avec 12,5% des parts, est la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS). Mais, jusqu’ici, le fonds de pension public du Cameroun semble ne s’être pas encore invité dans la bataille pour le contrôle de Fly ZeJet, dont les activités ont été lancées en avril 2023. Huit mois seulement après son arrivée dans le ciel camerounais, cette compagnie aérienne revendiquait déjà un chiffre d’affaires de 1,2 milliard de FCFA au 31 décembre 2023. Avec pour ambition de doubler ce chiffre à sa 2ᵉ année d’activité. Mais, des divergences entre ses deux principaux actionnaires sont nées au bout de la première année d’exploitation de la compagnie.
À en croire des sources proches du dossier, ces désaccords sont relatifs au positionnement de l’entreprise sur le marché vis-à-vis de Camair Co, la compagnie aérienne nationale. En effet, soutiennent nos sources, alors que Christophe Semengue affirme avoir bâti une compagnie concurrente au transporteur aérien public, GTC Sarl de Christian Mataga souhaite plutôt développer avec celle-ci une relation de partenariat. Avec possibilité de louer, voire de vendre à Camair Co des avions de Fly ZeJet, apprend-on.
Brice R. Mbodiam
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