Depuis quelques mois, les tenanciers des débits de boissons au Cameroun ont quelquefois du mal à s’approvisionner. À en croire ces derniers, certaines bières et boissons gazeuses disparaissent régulièrement de la circulation avant de réapparaître au bout d’une à deux semaines. Ce phénomène observé dans les principales villes du pays, y compris pendant les dernières fêtes de fin d’année, qui sont pourtant un moment de grande consommation, a induit une hausse des prix allant parfois jusqu’à 100 FCFA par bouteille. Sous le regard impuissant des agents de contrôle du ministère du Commerce. En effet, depuis plusieurs mois, ce département ministériel auquel incombe l’homologation des prix des produits tels que la bière, freine des quatre fers toute augmentation des prix, en dépit des velléités manifestées par les brasseurs et les distributeurs.
« Nous ne parlerons pas nécessairement de rareté. Car, les points de vente sont régulièrement approvisionnés en boissons. Cependant, il est vrai que la demande du marché n’est pas entièrement satisfaite, et cela est dû à plusieurs raisons. En général, nous observons une augmentation continue de la demande, qui va de pair avec la croissance démographique. De plus, des changements dans les habitudes de consommation, accentués par la crise du Covid, ont également un impact. Face à cette demande croissante, les infrastructures ont parfois du mal à suivre, notamment en ce qui concerne l’offre énergétique et le réseau routier », tempère une source autorisée à la Société anonyme des boissons du Cameroun (SABC).
Selon cette filiale du groupe Castel, qui contrôle environ 80% du marché brassicole au Cameroun depuis le rachat (annoncé en 2022, mais approuvé par les autorités de la concurrence en mars 2023, NDLR) des actifs de Guinness Cameroun, filiale du groupe britannique Diageo, les perturbations actuellement observées sur le marché de la bière ont également une cause exogène. « La crise russo-ukrainienne a considérablement perturbé le trafic maritime, entraînant des retards et des ruptures dans nos approvisionnements en matières premières, avec les conséquences que vous pouvez imaginer sur notre production. Fort heureusement, Boissons du Cameroun a anticipé l’évolution du marché dès 2022, en initiant un grand plan d’investissement visant à augmenter de plus de 20% les capacités de production », rappelle-t-on à la SABC.
En effet, l’on se souvient que dès 2022, l’annonce du rachat de Guinness Cameroun par le groupe Castel s’est accompagnée de la mise en œuvre d’un programme d’investissements quinquennal de 200 milliards de FCFA. Selon les détails de ce programme révélés par le DG de la SABC, au cours d’une rencontre avec la presse le 13 décembre 2022 à Yaoundé, la capitale camerounaise, il va s’agir de construire trois nouvelles lignes de production dans les usines de Yaoundé, Garoua et Bafoussam. Le tout pour une capacité de production annuelle de 2,1 millions d’hectolitres. Ce programme d’investissements prévoit également l’augmentation des capacités de production d’emballages en verre à la Société camerounaise de verrerie (Socaver). Il s’agit d’une autre filiale locale du groupe Castel, qui approvisionne déjà plusieurs entreprises brassicoles au Cameroun et à l’étranger…
« La mise en place des nouveaux équipements s’échelonne de janvier 2024 à janvier 2026, dans toutes les régions du Cameroun. Nous sommes donc très confiants sur notre capacité à satisfaire la demande dans les mois qui viennent. Car, nous avons démarré au mois de décembre dernier une nouvelle unité de conditionnement à Bafoussam et une autre sera effective en mars (2025) à Douala. Nous investissons également beaucoup dans l’autonomisation de la fourniture énergétique, ainsi que dans les moyens logistiques. Nous avons traversé ces derniers mois des périodes difficiles, avec des indisponibilités produits localisées selon la période et selon les régions. Mais, le deuxième trimestre 2025 devrait être bien meilleur, et les consommateurs pourront se réjouir de retrouver leurs produits préférés sur leurs tables en quantité », rassure-t-on chez le leader du marché brassicole au Cameroun.
Brice R. Mbodiam
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