Les conditions de travail au sein de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), qui ont conduit à une grève des employés ayant dégénérée en émeute le 4 février 2025, préoccupent la députée européenne Marina Mesure. Dans une lettre adressée le 5 février 2025 à la Commissaire chargée du commerce et de la sécurité économique de la Commission européenne, cette élue dénonce ce qu’elle qualifie de « répression et atteinte aux droits des travailleurs des exploitations de canne à sucre au Cameroun ».
La sortie de Marina Mesure tient de ce que la Sosucam, dont la grève des employés a fait au moins un mort le 4 février 2025, est contrôlée à 74% par le groupe français Somdiaa, dont les actifs ont été rachetés il y a quelques années par le français Castel, l’un des mastodontes de l’industrie brassicole en Afrique. « Le fait que l’entreprise Sosucam appartient à un groupe alimentaire dont le siège se situe dans un Etat membre de l’Union européenne exige une attention d’autant plus importante de la part de vos services, en application de la directive 2024/1760 sur le devoir de vigilance des entreprise », rappelle l’eurodéputée à la Commissaire chargée du commerce.
En effet, au-delà de ce qu’elle appelle « répression sanglante » de la dernière grève des employés de la Sosucam, Marina Mesure rappelle que « le rapport d’enquête du Syndicat camerounais des travailleurs saisonniers de la filière canne à sucre du 1er mai 2023 fait état d’une répression syndicale structurelle de la part de la direction de l’entreprise, en violation du manifeste des droits fondamentaux des travailleurs, et en particulier la liberté syndicale reconnue par plusieurs textes internationaux de portée universelle ».
Reprise du travail
Aussi, cette députée européenne demande-t-elle au Commissaire en charge du commerce de lui « préciser quelles actions la Commission compte entreprendre, afin d’assurer le respect des droits des travailleurs de la filière sucrière » au Cameroun, d’une part, et si ce responsable de l’UE entend alerter les autorités françaises au sujet de la responsabilité probable du groupe Somdiaa dans « les violations répétées des droits des salariés de la Sosucam », d’autre part.
Ce 7 février 2025, la Sosucam a officiellement réagi, non pas à la sortie épistolaire de la députée européenne Marina Mesure, mais au climat social au sein de l’entreprise. Dans une note d’information signée du tout nouveau directeur général de l’entreprise, Jean-Louis Liscio, le mastodonte du sucre au Cameroun dit être parvenu à certaines décisions, au cours d’une concertation organisée avec toutes les parties prenantes. Parmi ces décisions, apprend-on, il y a la revalorisation du salaire de base des manœuvres de catégorie 2A de 1 000 FCFA, passant de 56 à 57 000 FCfa mensuel ; la revalorisation de la prime mensuelle de salissure de 150 FCFA, passant de 600 à 750 FCFA par mois ; et la revalorisation de la contribution mensuelle employeur pour les agents d’exécution saisonniers de 500 FCFA.
Fort de ces réajustements, écrit le patron de la Sosucam, « la direction générale invite l’ensemble des collaborateurs à rejoindre leurs postes de travail respectifs dès le samedi 8 février 2025 ».
BRM
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