Lire Mesmer Olivier Bikoï, analyste politique :
La mise au point de Kamto apparaît au mois de février 2025, à 8 mois de la présidentielle d’octobre. Cela peut paraître à la fois lointain et proche. Lointain pour ceux qui ont passé le temps à faire autre chose que de se préparer pour la prochaine présidentielle. Proche pour ceux qui n’ont pas perdu leur temps dans des distractions inutiles et contreproductives. Pour les premiers, ils pensent encore pouvoir influencer la situation en leur faveur. Dans un cas comme dans l’autre, cette période est importante à plus d’un titre. Chacun des potentiels candidats y allant de son espoir, voire sa conviction de l’emporter. On comprend donc aisément un président national du Mrc, ne disposant d’aucun élu, qui fait feu de tout bois depuis quelques temps prendre le train en marche et pouvoir exister politiquement. En droit, cela s’appelle l’opportunité de l’action.
Pourtant, le contexte qui explique la démarche de Maurice Kamto se heurte à l’intransigeance de l’histoire. En effet un rappel historique met en évidence les dérives que le président du Mrc veut attribuer à d’autres, qu’il prétend ne pas connaître. N’est-ce ce Kamto qui, au mépris de la loi s’est autoproclamé vainqueur de la présidentielle 2018 ? N’est-ce encore ce même Kamto qui, le 16 octobre 2018, devant le Conseil constitutionnel, avait lancé : « Je m’appelle Kamto Maurice, né en 1954 à Bafoussam, compte tenu de mon lieu de naissance et de mes origines, je suis donc Bamiléké. Beaucoup auraient voulu que je dise le contraire. Si je pouvais passer un concours pour devenir Bulu, je le ferais. Mais je suis Bamiléké, j’assume mes origines ». Maurice Kamto déplaçait ainsi le débat du terrain juridique vers le terrain politique, insinuant qu’il a remporté l’élection, qu’il est légitime, mais qu’on refuse de le reconnaître légalement parce qu’il n’est pas Bulu, mais plutôt Bamiléké.
Livrer le Bulu à la vindicte populaire, a généré toute cette violence à la fois physique et verbale observée autant au Cameroun qu’à l’étranger, avec pour point d’orgue la mise sur pied du groupuscule ethno fasciste dénommé Brigade anti-sardinards (Bas), se réclamant ostensiblement de Kamto. Sans la moindre condamnation de la part de ce dernier. Comment peut-il aujourd’hui être pris au sérieux quand il ne rétablit pas d’abord la réalité des faits que Me Michelle Ndoki, son indéfectible soutien de l’époque, a eu l’honnêteté et le courage de rétablir dans une longue interview, il y a de cela quelques mois, notamment cette histoire des Pv ? Comment peut-il nier sa responsabilité dans la détérioration du climat sociopolitique au Cameroun ? Comme à son habitude, Kamto se pose en victime et tente un autre coup de poker. Comme en 2018.