Dans une récente publication, Célestin Djamen a affirmé : « À part Ahmadou Ahidjo en 1957, alors que le Cameroun n’était pas encore un véritable État, je doute fort qu’il y ait eu un jour dans ce pays meilleur Ministre de l’Administration Territoriale que Monsieur le Ministre Paul Atanga Nji. » Cette comparaison audacieuse avec le premier président du Cameroun, placée avant même la pleine souveraineté du pays, est déjà en soi un élément fort de l’éloge. Djamen poursuit en déclarant qu’Atanga Nji « incarne la Sécurité et le Maintien de l’Ordre public », ajoutant que « dans un océan de confusion et de frilosité, force est de constater qu’il fait son travail, tout son travail et rien que son travail. Merci. »

Cet éloge du Ministre de l’Administration Territoriale intervient après que Célestin Djamen lui-même ait été, selon ses propres termes, « témoin oculaire et victime expiatoire » des « procédés de maintien de l’ordre et la Sécurité » en 2019. L’ironie de la situation est patente : celui qui fut confronté aux méthodes de répression du pouvoir salue aujourd’hui une « amélioration profonde » de ces mêmes procédés, au point de dire : « Je ne maudirai jamais les responsables zélés de la Sécurité de l’époque qui m’ont fait du mal. J’ai le cœur plein de pardon, nous ne construirons pas cette Nation dans la haine et l’amertume, du passé faisons table rase. » Cette volonté de « faire table rase » du passé soulève des questions sur la pertinence d’une telle amnésie sélective au nom de la « sérénité ».
Célestin Djamen va même jusqu’à prendre appui sur les félicitations adressées aux forces de l’ordre par les hauts responsables du MRC eux-mêmes après l’arrivée de Maurice Kamto à Douala, voyant là un signe d’ »espoir dans ce pays ». Pour lui, « Voir les plus hauts responsables du MRC le 8 juin dernier, après les manifestations bien encadrées, rendre hommage aux FMO et aux Policiers en particulier lors de l’arrivée de leur Chef dans la Ville de Douala, donne de l’espoir dans ce pays. » Cette observation, bien que factuelle sur les félicitations du MRC, peut être interprétée comme une tentative d’instrumentaliser une situation spécifique pour légitimer une politique sécuritaire plus large.
Plus loin, Djamen critique le gouvernement dans son ensemble, affirmant que « Même si le gouvernement dans son écrasante majorité, brille par une incompétence notoire, nous sommes heureux de constater que le Ministre de l’A.T est un modèle dans son domaine qui sauve les meubles et inspire confiance. » Paul Atanga Nji serait donc « l’arbre qui cache la forêt d’incompétence » au sein de l’exécutif. Une telle distinction, si elle vise à souligner une efficacité perçue chez un ministre, pose la question de l’objectivité face à un système dont il fait partie intégrante. Prôner un « besoin d’ordre et non de chienlit » ainsi qu’un « besoin de Paix et non de chaos » tout en félicitant une « sérénité affichée par les Forces de sécurité à Douala lors du déploiement des manifestants » peut être vu comme une légitimation des méthodes de contrôle de l’ordre, y compris face à des rassemblements qui, pour l’opposition, relèvent de la liberté d’expression.
En conclusion, l’éloge de Célestin Djamen à l’endroit de Paul Atanga Nji, si elle est présentée comme un constat d’efficacité, soulève des questions sur la nature de la « sérénité » et de l’ »ordre » prônés. Elle intervient à un moment où la tension politique est palpable, et où la gestion des manifestations de l’opposition reste un sujet de vif débat sur les libertés publiques au Cameroun.