Le Pr Jean Calvin Aba’a Oyono a dénoncé dimanche dernier, sur le plateau de l’émission La Vérité en Face à Equinoxe tv, l’ingérence politique des chefs traditionnels.
Selon l’éminent juriste, les chefs traditionnels, en s’immisçant dans le débat politique, outrepassent leurs prérogatives et mettent en péril l’équilibre entre les pouvoirs traditionnels et modernes. « L’article 1er, alinéa 2, paragraphe 3 de la constitution stipule clairement que la République du Cameroun protège les valeurs traditionnelles, mais dans le respect des valeurs démocratiques, des droits de l’homme et de la loi », a-t-il rappelé.
Un glissement dangereux vers le politique
En prenant position sur des questions politiques, les chefs traditionnels, selon le Pr Aba’a Oyono, franchissent une ligne rouge. « Lorsqu’ils se sont réunis, c’était avec la casquette de chef traditionnel. Ce glissement vers le politique est extrêmement dangereux », a-t-il souligné. Il a ajouté que si les chefs traditionnels s’exprimaient à titre personnel, il n’y aurait pas de problème : « Parce qu’il n’est pas conforme à ces 03 principes. S’ils s’expriment à titre Intuitu personæ, le problème ne se pose pas ».
Alors que le conseil national des chefs traditionnel du Cameroun s’est prononcé la semaine dernière lors d’une réunion en faveur la candidature de Paul Biya lors de la prochaine élection présidentielle, la sortie de l’universitaire relance le débat sur la place des chefs traditionnels dans la société camerounaise, notamment la question de la neutralité des institutions traditionnelles et de leur rôle dans un État de droit.