Depuis samedi dernier, une affaire de meurtre se trouve sur toutes les lèvres dans la ville de Yaoundé. Un enfant, âgé de seulement six ans, le nommé Mathis, est de vie à trépas, après avoir reçu deux coups de poignard d’un certain Nwafo. Selon les informations concordantes, le premier coup a été porté sur le bras ; le second, le plus fatal, a pris la gorge. Transporté à l’hôpital militaire de la ville, l’enfant a succombé à ses blessures. Le drame est survenu à la suite d’une dispute entre le père de l’enfant, le nommé Paulin et son voisin, le sieur Nwafo.
Le verre de sang…
C’est autour d’un verre que l’étincelle qui embrasera la jeune et innocente vie du petit Mathis va être allumée. Alors que le Paulin était attablé dans un bar, son voisin arrive et quelque temps après, une dispute éclate, opposant les deux. S’ensuit un affrontement physique. Paulin donne le premier coup de poing. Lorsque les témoins présents les séparent, Nwafo encore en colère, promet le pire à son voisin. « Tu vas voir. Je vais te toucher là où ça fera plus mal », lui aurait-il promis, selon les témoins de la scène. Ruminant amèrement sa vengeance, le type enragé va précipitamment rentrer chez lui, pour se saisir d’un couteau. Il s’en va ensuite s’introduire à la résidence de son voisin. Ici, il ne trouve que des enfants, une fille en salle d’eau et deux garçons. Tous, des personnes qui ignorent ce qui se passe dehors.
Mais l’aîné des deux garçons s’enfuit en voyant muni d’un couteau. Le cadet, ne percevant pas le danger en « leur tonton » bien connu, reste sur place. Une erreur d’appréciation, selon son bourreau qui lui assène un premier coup de poignard au bras. Voyant que l’enfant reste toujours debout, il lui donne un second coup de poignard qui, cette fois, a pris la gorge. Il tente aussi d’attaquer la fille enfermée dans une salle d’eau. Mais ne réussit pas à ouvrir la porte. Il rebrousse chemin. Le petit poignardé saigne gravement.
Sans savoir qu’il n’y rentrera plus vivant, il sort de la maison de ses parents pour tenter de rejoindre sa mère à la boutique. Mais en chemin, le petit garçon perd toutes ses forces et s’écroule. A son retour, Paulin rencontre le bourreau. La bagarre recommence ; cette deuxième manche enverra Nwafo à l’hôpital. Le petit Mathis conduit à la garnison militaire ne survit pas.
Lydol, au nom du père…
L’affaire prend de l’ampleur. Le public se souvient que le tueur est le père de l’artiste slameuse Lydol. Aussitôt, les réactions enflamment les réseaux sociaux. Des internautes, en condamnant l’acte odieux, réclament la prise de parole de l’artiste. De samedi jusqu’à lundi matin, la star du slam ne dira rien, sauf quelques mots se rapportant à ses concerts prévus dans les prochains jours au Palais des Congrès à Yaoundé, et à Paris en France. Lundi, Lydol finit par faire une sortie vidéo en larmes.
« Depuis avant-hier je cherche les mots justes pour ne serait-ce qu’un peu alléger la douleur d’une mère, d’un père, d’une mère, d’une famille qui vient de perdre son fils. Malheureusement il n’existe aucun mot assez puissant pour adoucir une telle douleur. Rien ne m’avait préparée à vivre une expérience aussi bouleversante. Et je comprends parfaitement toutes les émotions et la tristesse, la colère que cela suscite.
Mon père est l’auteur d’un acte tragique, un acte irréparable. Je n’ai pas été témoin. Je suis sa fille et aujourd’hui je pense que c’est suffisant pour que mon nom soit associé à toute cette douleur. Face à la gravité de la situation, j’ai d’abord pris du recul. Non pas pour fuir mais par respect pour Mathis, cet enfant de six ans qui a été arraché à la vie. Cet enfant qui aurait pu être le mien (…) La vérité est que je suis perdue. Je suis bouleversée. Mais je voudrais quand-même le dire (…) Je condamne toutes formes de violences peu importe les circonstances ».
Au cours de la sortie vidéo, Lydol apprend qu’elle reporte ses deux concerts en vue, non sans laisser la possibilité de les annuler. Dans l’opinion, la colère ne baisse pas d’un cran. Certains n’hésitent pas s’en prendre à elle, juste du fait qu’elle soit la fille « d’un assassin ». Entre injures et toutes sortes de critiques, des plus acerbes, c’est la carrière de la slameuse qui mise sur l’autel du sacrifice, avec un couperet près à la faire subir, au propre comme au figuré, le sort que son père a fait subir à Mathis.
Plusieurs autres artistes comme Charlotte Dipanda, Maahlox, Cysoul, Sandrine Nnanga, Koppo, tout en condamnant l’acte odieux, adressent des paroles réconfortantes à leur collègue Lydol. Alors que la famille de Mathis pleure la perte d’un fils, le peuple assoiffé de justice se tourne vers les autorités compétentes. Justice pour Mathis !