Un avocat dénonce la violation de la présomption d’innocent dont l’accusée fait l’objet. Selon le code pénal, la dame sera poursuivie pour pratique de sorcellerie et risque d’une peine d’emprisonnement ferme allant de deux à 10 ans.
Une foule immense a pris d’assaut le long de l’itinéraire allant de la chapelle au lieu-dit Mobile Mvog-Ada. Cette ambiance s’est déroulée le 18 février 2025 à Yaoundé. Une situation qui a perturbé la circulation pendant quelques heures. A ce décor, s’ajoute un dispositif sécuritaire marqué par la présence de plusieurs policiers lourdement armés. Il s’agit des éléments du commissariat central N°4 de la ville de Yaoundé. Ce dispositif sécuritaire a été déployé dans le cadre de la reconstitution des faits au sujet de l’affaire où une tenancière d’un restaurant au quartier Mvog-Ada est accusée d’avoir servi l’Okok contenant de l’urine.
L’affaire a déclenché suite à une vidéo qui fait le tour de la toile depuis le 10 février 2024. L’accusée a été interpellée le week-end dernier dans son village natal à Mvengue dans la région du Sud, où elle était partie se cacher après la fuite de la vidéo. Elle a été interpellée avec son « mari ». Ce dernier est accusé de n’avoir pas coopéré avec les forces de l’ordre afin de faciliter l’interpellation de dame Victorine. C’est ce qui justifie la présence des deux pendant la reconstitution des faits. Cette vendeuse d’Okok dont la vidéo continue de susciter colère et indignation se fait huer par une foule en colère. Son visage n’a pas été couvert et reste identifiable. Les policiers avec armes au point, assurent bien sa sécurité malgré les menaces de la foule. Avait-on besoin d’un tel dispositif sécuritaire et d’une telle mise en scène pour une telle affaire ?
Me Alphonse Djochikou, avocat au barreau du Cameroun pense que cette mise en scène porte atteinte à la dignité de l’accusée : « Cette dame aurait posé les actes pas qui sont condamnables du point de vue de la loi mais cela ne justifie pas qu’elle puisse être traitée ainsi. Sa présomption d’innocence a été violée. Avant qu’elle ne soit jugée, dame Victorine est considérée comme étant non coupable des faits qui lui sont reprochés car, elle n’a pas encore été jugée et condamnée par un tribunal. On n’avait pas besoin de déployer plusieurs hommes armés ainsi que des médias dans une telle affaire », affirme Me Alphonse Djochikou, avocat au barreau du Cameroun. Du point de vue juridique, l’avocat affirme que l’accusée doit être poursuivie par pratique de sorcellerie. L’article 251 du code pénal réprime les pratiques de sorcellerie d’une peine allant de deux à 10ans d’emprisonnement ferme et d’une amende de 5000 à 100.000 Fcfa. Le commissaire divisionnaire Mindjom, du commissariat central N°4 a expliqué que l’accusée est poursuivie pour les faits de tentative d’assassinat, avant d’ajouter que : « nous sommes en Afrique, c’est une pratique de sorcellerie ». L’accusée pour sa part maintient que son geste avait pour but de se venger contre son mari qui l’avait énervé