La première édition du festival international du manioc, baptisé « All Kassava », se tient à la maison du parti à Bonanjo, Douala. L’événement regroupe des producteurs, transformateurs, financiers venus du Cameroun, du Gabon, de la Centrafrique et du Congo. Organisée par l’ONG Femme Action et Développement au Cameroun (Fadec), cette rencontre s’articule autour du thème « lutte contre l’insécurité alimentaire par la promotion du manioc, la valorisation de son potentiel économique et la préservation de sa richesse gastronomique ».
D’après les organisateurs, ce festival s’inscrit dans une volonté de promouvoir le manioc, de renforcer son importance dans l’économie nationale, et de valoriser les nombreuses possibilités qu’il offre. « La transformation du manioc n’a pas de limite. C’est une source de richesses qu’on consomme dans la gastronomie, l’industrie et la pharmacopée africaine », explique Yvette Doume épouse Banlog, présidente du Fadec et promotrice du festival.
Au cours des six jours de festivités, une foire-exposition du manioc et de ses multiples dérivés, des ateliers de formation sur la transformation du manioc, ainsi que des rencontres B to B sont prévus. Une réflexion sur l’état des lieux de la culture du manioc, ainsi que sur sa conservation, sa banque agricole et sa commercialisation, est également annoncée.
D’après Yvette Doume, « il s’agit de découvrir les 30 façons de consommer le manioc et d’explorer la diversité des produits dérivés ». Largement cultivé et récolté tout au long de l’année dans le pays, le manioc est consommé sous plusieurs formes. Du couscous au gari, en passant par les bâtons et les différents plats élaborés avec ses feuilles, ce tubercule n’a de limite que la créativité de ses consommateurs et les opportunités qu’offre le marché.
Selon le ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (Minader), parrain du festival, la production annuelle de manioc était d’environ 5,4 millions de tonnes en 2020. Ceci avec des rendements de l’ordre de 16 tonnes/hectare pour une valeur de 349 milliards de FCFA. Ces données révèlent que 75 % de la population du pays consomme du manioc, qui représente la deuxième denrée de base la plus consommée après le riz, en raison de sa diversité de transformation et de sa culture aisée dans toutes les zones agroécologiques du Cameroun, sur environ 205 000 ha. L’objectif du pays est de produire 10 millions de tonnes par an d’ici à 2030, selon la stratégie de développement du secteur rural et son plan national d’investissement agricole (SDSR/PNIA 2020-2030).
La transformation du manioc en produits dérivés génère plusieurs sous-produits, notamment sa farine. Dans le cadre du Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah) 2024-2026, le gouvernement prévoit pour la période 2023-2025 une production d’environ 195 750 tonnes de farine de manioc au Cameroun. Pour y parvenir, les pouvoirs publics envisagent de construire 150 unités de production de farine de manioc à travers les 10 régions du pays, avec l’appui de la Banque mondiale. Une première usine de transformation industrielle du manioc, de la Société coopérative des producteurs de manioc de Ngoulemakong, a été inaugurée le 12 janvier dernier dans la région du Sud.
Ces investissements s’inscrivent dans les objectifs d’import-substitution et de sécurité alimentaire définis par la stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30). Cette dernière vise entre autres à réduire les importations de blé, qui coûtent plus de 250 milliards de FCFA à l’État chaque année.
Frédéric Nonos
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