A la suite de son meeting du 31 mai à Paris, Maurice Kamto est accusé envoyer des jeunes mourir dans la rue pour accéder au pouvoir. Dans une tribune, Jean Pierre Bekolo rejette cette affirmation estimant que ce ne sont pas des appels à manifester qui tuent. Mais bien la répression violente orchestrée par le régime en place. Il souligne que « Marcher pacifiquement » n’est pas un acte mortel en soi. Mais la véritable menace vient de l’usage d’armes létales par les forces de sécurité. Le cinéaste appelle les autorités à assumer leurs responsabilités. Si des morts surviennent, lors des manifestations à venir, affirmant que la jeunesse prendra ses responsabilités en marchant et que le régime devra répondre de ses actes, s’il choisit de réprimer dans le sang.
« Si demain des jeunes tombent sous les balles en marchant pacifiquement dans les rues de Yaoundé, Douala, Garoua, Bafoussam, ou ailleurs, ce ne sera point parce qu’ils auront suivi Kamto. Ce sera parce qu’un régime aura pris la décision inconsciente de leur opposer des Forces entrainées à tuer », écrit-il. Voilà la vérité qu’il convient selon lui, de dénoncer sans détour. Assumer une telle violence à l’encontre de sa propre jeunesse, voilà où se situe le véritable débat, selon Jean-Pierre Bekolo. En cette année charnière, chacun devra prendre ses responsabilités, indique-t-il. La jeunesse en marchant, le régime en décidant ou non de tuer.
Lire ci-dessous l’intégralité de la tribune de Jean-Pierre Bekolo :
« CES MORTS QUI VONT VOULOIR MARCHER POUR KAMTO
Depuis Paris, Maurice Kamto à la suite de son meeting du 31 mai, place de la République est accusé de vouloir « envoyer les jeunes mourir dans la rue » pour accéder à la présidence.
À ma connaissance, marcher dans la rue ne tue pas, sauf en cas d’accident. Alors, quel “accident” attend ces jeunes que Kamto appelle à libérer leur pays en 2025 ?
Ce n’est pas l’acte de marcher qui va tuer ici. Ce ne sont pas les idées pour lesquelles ils vont marcher qui tuent.
Soyons honnêtes : il faut que ceux qui parlent d’envoyer les jeunes mourir reformulent les choses correctement. Ils devraient dire ceci : “Si vous osez marcher comme Kamto vous le demande, nous enverrons d’autres jeunes, armés, que nous avons formé et que nous payons, pour tirer sur vous avec des balles réelles et vous allez mourir.” En d’autres termes nous allons vous tuer si vous marchez pour mettre Kamto à Etoudi.
Donc ce qui tue ici, ce sont les balles du régime. Ce qui tue, c’est la décision politique d’écraser l’expression citoyenne du changement dans le sang.
Alors, si nous devons parler de morts, que ceux qui vont donner l’ordre de tirer aient le courage d’assumer. Car ce ne sont pas les appels à la liberté qui programment la mort, mais ceux qui y répondent par la violence armée.
Donc si des jeunes meurent demain en marchant pacifiquement dans les rues de Yaoundé, Douala, Garoua, Bafoussam… ce ne sera pas parce qu’ils ont suivi Kamto. Ce sera parce que le régime en place aura décidé de leur opposer des forces entraînées et armées pour les abattre. Voilà la vérité qu’il faut dire.
Assumer une telle violence contre sa propre jeunesse, voilà le vrai débat.
Cette année donc, chacun devra prendre ses responsabilités; la jeunesse en marchant et le régime en tuant. »