Le Cameroun se prépare à participer à l’Asia Expo 2024 qui se déroulera à Sochi, en Russie, du 23 au 25 octobre prochain. Cet événement international dédié aux avancées agro-industrielles représente une opportunité pour le pays de découvrir des technologies agricoles avancées susceptibles de transformer son secteur agricole. L’Asia Expo 2024 est présenté comme une plateforme clé pour les pays africains en quête d’innovations agricoles dans un contexte d’évolution du marché mondial. Le Cameroun, avec sa forte dépendance vis-à-vis de l’agriculture, voit en cet événement une chance de renforcer sa production alimentaire en tirant parti des dernières innovations présentées par des experts internationaux, expliquent des officiels camerounais.
La délégation camerounaise, dirigée par Blessed Okole, conseiller spécial N°2 du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, sera notamment composée de représentants du ministère de l’Agriculture et du Développement rural ainsi que de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales, a appris Investir au Cameroun auprès de sources au ministère du Commerce. L’objectif de cette participation est de tirer parti des solutions et innovations proposées par les entreprises russes et asiatiques dans des domaines variés tels que la production laitière, l’aviculture, l’horticulture et les engrais. Le secteur privé camerounais sera également de la partie à travers la Chambre d’agriculture, des pêches, de l’élevage et des forêts du Cameroun (Capef).
Igor Milovanov, directeur général de l’Asia Expo, précise que l’exposition servira de plateforme pour les pays africains afin d’acquérir de nouvelles méthodes pour stimuler leur production alimentaire. « La plupart [des pays africains] dépendent de l’agriculture pour leur durabilité. Un autre objectif de l’exposition est de montrer aux entreprises africaines des domaines de coopération prometteurs dans les industries agricoles qui pourraient contribuer au développement économique et améliorer les conditions de vie sur le continent », affirme-t-il. Outre le Cameroun, plusieurs autres nations africaines, dont le Gabon, l’Afrique du Sud, le Kenya, la Tanzanie, l’Éthiopie, le Nigeria, le Cap-Vert, la Guinée équatoriale et le Mali, participeront également à l’événement.
Défis agricoles
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Gabriel Mbairobe, a affirmé que l’agriculture est une priorité pour le Cameroun dans sa quête d’émergence, avec la sécurité alimentaire et nutritionnelle comme pilier central. Lors de la signature d’un accord de 2,7 millions de dollars avec la FAO en avril dernier, il a souligné que le pays avait subi d’importants chocs exogènes et endogènes tels que la pandémie de Covid-19, les crises géopolitiques, les catastrophes climatiques et les conflits locaux « qui ont mis à mal son système alimentaire ». Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), environ 3,4 millions de personnes nécessitent une assistance humanitaire en 2024 au Cameroun. Le Plan de réponse humanitaire, lancé en avril 2024 avec un budget de 371,4 millions de dollars, vise à soutenir 2,3 millions de personnes parmi les plus vulnérables.
En dépit de son fort potentiel agricole, le Cameroun peine à transformer ses produits en raison d’une capacité de transformation limitée et d’une dépendance excessive aux importations. Les importations d’engrais, en particulier, ont contribué au déficit commercial du pays qui a atteint 2 004 milliards de FCFA en 2024, en hausse de 40,3% en glissement annuel puisqu’il se situait à 1 428 milliards de FCFA en 2022, selon l’Institut national de la statistique (INS). Selon l’INS, les importations d’engrais ont imposé au Cameroun d’expatrier une enveloppe de 173,9 milliards FCFA de 2021 à 2023, contribuant ainsi non seulement à obérer les réserves en devises du pays, mais aussi à creuser le déficit commercial du Cameroun. Dans son rapport annuel sur le commerce extérieur du Cameroun, l’INS explique que les coûts des engrais ont explosé en 2022 à cause du conflit russo-ukrainien, la Russie étant un important fournisseur pour le Cameroun.
Import-substitution
Pour surmonter ces défis, le gouvernement met en place une politique d’import-substitution visant à accroître la production locale et à réduire les importations. Les efforts sont principalement axés sur le soutien à la production et à la transformation des principaux produits importés tels que le riz, le maïs, le blé, le soja, le mil, le sorgho, le poisson, le lait et les produits pharmaceutiques. « L’accès aux semences améliorées, la disponibilité des engrais en quantité, la mécanisation avancée de notre agriculture, la transformation des produits de notre agriculture, tout ceci devrait conduire le Cameroun à renforcer son autonomie, à développer plus de résilience face aux chocs exogènes et à s’éloigner des risques liés à la sécurité alimentaire, à la malnutrition, qui peuvent impacter les zones de conflits dans lequel notre pays entretient encore des activités agricoles qui ont subi des conséquences néfastes. In fine, il s’agit de voir notre agriculture devenir plus intelligente, résiliente et qu’elle participe à la réduction du déficit sur la balance commerciale », déclarait le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, lors de la revue de la mise en œuvre de la SND30 dans le secteur rural le 2 octobre dernier.
P.N.N
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