La première session parlementaire de l’année législative 2025 a été lancée mardi dernier au Palais des Verres Paul BIYA, au cours d’une cérémonie d’ouverture présidée par la Doyenne d’Age, Laurentine Koa Mfegue, en présence de ses collègues députés et les membres du Gouvernement. Pour une session qui se tient à quelques sept mois d’une élection présidentielle qui laisse déjà tressaillir engouements et convoitises bien nourris, parce qu’il s’agit sans doute là, d’une échéance pour la plus haute charge de l’Etat, impossible alors de ne pas prévoir une place assise pour les tensions qui ont fait leur lit dans le climat sociopolitique national, depuis quelques temps. C’est fort de cela que dès les premiers paragraphes de son discours, que la Doyenne d’Age va dire le contexte du texte : « Depuis quelque temps, la scène politique nationale vit en pleine ébullition. Assurément, l’échéance attendue attise à souhait des convoitises, suscitant beaucoup d’engouement, tel que l’intérêt à elle consacré va grandissant au fil des jours. Cet engouement, toutes ces convoitises et tant d’intérêt véritablement perceptibles, démontrent à suffisance l’importance de cette échéance. Ne s’agit-il pas de l’élection à la plus haute charge de l’Etat, la fonction suprême, celle de Président de la République du Cameroun ».
Le Cameroun en ébullition
Pour être politiquement correcte, l’Honorable Laurentine Koa Mfegue fait en cette surchauffe, une preuve tangible de la pleine forme de la démocratie au Cameroun : « Toute cette ébullition constitue, à n’en point douter, la preuve qu’au Cameroun, la démocratie est une réalité. Mieux, au Cameroun la démocratie vit, elle s’exerce, elle est agissante, tel qu’elle est devenue le levain de la vie politique nationale. Elle n’est pas comme ailleurs une démocratie de façade, de duperie, d’illusion ou de politique politicienne. Qu’on l’aime ou pas, qu’on adhère à ses idéaux ou pas, l’honnêteté nous oblige de reconnaitre une vérité constante à savoir : cette démocratie dont nous nous targuons tant, cette démocratie dont nous usons si abondamment aujourd’hui, est le fait de la volonté d’un Homme, j’ai nommé Son Excellence Monsieur PAUL BIYA, le Président de la République, le Chef de l’Etat en poste ».
A César, ayant été donné ce qui lui appartient, alors appelé à la paix, à l’unité nationale et aux respect de la démocratie, non sans exhorter les acteur politiques à faire preuve de sagesse et de patriotisme durant cette période sensible. « Au moment où des dissonances grouillent dans l’univers politique de notre pays et que des loups, même les plus insoupçonnables, sortent de leur tanière pour entrainer le Cameroun dans des déchirures qu’il sera certainement difficile de panser demain, du haut de mon âge, Doyenne d’Age de la Représentation du peuple, il est de mon devoir, un devoir sacré, d’exhorter la classe politique de mon pays, notre pays, d’user de cette large ouverture démocratique avec sagesse, foi, patriotisme, et dans un respect total de la légalité, avec toujours à l’esprit qu’au-delà de nos ambitions personnelles, la seule chose qui vaille la peine est le Cameroun, notre cher et beau pays », a-t-elle incité. Mais dans l’opposition, les mots de la Matriarche de la Représentation nationale étaient entachés de bien de maux.

Le désaccord
S’il est indéniable que la Doyenne d’Age a prêché la paix, l’unité nationale et le respect de la démocratie, des valeurs fondamentales en cette veille des échéances électorales d’octobre prochain, les députés de l’opposition, ont quant à eux paraphé un sous-texte politique qui sans subtilités, visait à marketer Paul Biya, annoncé en grande pompe, à la course pour sa propre succession. L’honorable Nourane Foster du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) n’a pas ainsi mâché ses mots, elle qui a vu dans la prise de parole de la Doyenne d’Age, une « campagne déguisée », en faveur du pouvoir en place.
« Je m’attendais à ce qu’elle ait un discours comme elle en a l’habitude. Un discours qui revient sur l’actualité des derniers mois. Mais là j’ai vraiment eu l’impression que c’était un discours de Campagne pour son président et un cours d’histoire », a-t-elle lâché devant la presse avant de revenir un peu plus en détails, sur sa page Facebook où elle dénoncé « un discours d’ouverture de la doyenne d’âge sur fond de campagne électorale en faveur du Candidat sortant. Nous nous attendions à l’évocation des chercheurs morts au Nord, des morts d’Edéa, de l’urgence pour l’amélioration de nos axes routiers, la lutte contre la cybercriminalité, le coût de la CNI, la lutte contre le tribalisme, la défense de l’honneur de nos héros tombés pour la patrie, l’exigence de respect de la loi électorale en vigueur pour des élections apaisées et transparentes, ainsi que l’assistance sociale de nos compatriotes les plus vulnérables. Mais en définitive, juste un discours axé sur les résultats du Président de la République. Nous attendons donc l’ouverture des débats pour monter au créneau. Les populations souffrent énormément dans les quartiers ».
Les réactions contrastées que partagent largement d’autres députés des partis de l’opposition. « Lorsque vous consacrez deux tiers de votre discours à faire l’éloge d’un chef politique, nous nous posons la question de savoir si on prend conscience de ce que on dans la maison de la Représentation nationale. Et d’ailleurs, nous sommes en année électorale nous nous serions attendus à ce que dans le discours de notre Doyenne d’Age, qu’on évoque ce que les Parlementaires doivent faire en tant que acteurs pour contribuer à ce qu’on ait une élection paisible en octobre. C’est d’appeler conséquemment à l’expression populaire, parce que nous représentons la Nation, l’immense majorité des Camerounais », a dénoncé l’honorable Koupit Adamou de l’Union démocratique du Cameroun (UDC).
Sur fond de tensions politiques ambiantes, cette session, a annoncé ses couleurs. Les débats qui s’ouvriront sous peu s’annoncent encore plus palpitants. Les Citoyens Camerounais, orbi et urbi, ainsi que la communauté internationale, sont scotchés pour scruter de près ce moment crucial et peut-être historique de notre vie politique.