Le ministre de l’administration territoriale, a évoqué de possibles cas de « blanchiment de capitaux » et de « financement du terrorisme ».
Paul Atanga Nji a annoncé la semaine dernière l’interdiction des activités de cinq organisations non gouvernementales (ONG) accusées de « financements illicites », évoquant de possibles cas de « blanchiment de capitaux » et de « financement du terrorisme ». L’arrêté d’interdiction visant deux entités du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), L. M. Nanje Foundation Inc., Reach out Cameroon et l’Association charitable socioculturelle du Cameroun a été publié vendredi par le ministère de l’administration territoriale, chargé des questions de sécurité.
Ces organismes « peuvent être complices passifs ou actifs de comportements répréhensibles », a déclaré le ministre Paul Atanga Nji, évoquant des « vulnérabilités au blanchiment de capitaux et surtout au financement du terrorisme ». « En deux ans, ces cinq organismes à but non lucratif et organisations non gouvernementales installés au Cameroun ont reçu environ 16 milliards de francs CFA [soit 24,4 millions d’euros] », des montants ne reflétant pas « les activités conduites sur le terrain », étayent des sources proches de l’AT. « On ne se laissera pas faire », a réagi la directrice exécutive du Redhac, Maximilienne Ngo Mbe, dans un bref message sur Facebook. Le Redhac dénonce régulièrement les répressions du pouvoir, avec récemment le cas de l’avocat Richard Tamfu molesté alors qu’il défendait une cliente ou des violences policières contre un chanteur camerounais. L’ONG avait présenté à la fin de novembre à Douala un rapport sur les défis rencontrés par les jeunes filles et les femmes défenseuses des droits humains. Le Réseau, visé par cette décision, a mis en place une cellule de crise pour tenter de répondre à ce qu’il juge être une attaque contre la liberté d’association.
« Cette décision n’a aucun fondement juridique »
« On est bouleversés. Il n’y a pas longtemps, on parlait encore des questions d’examen périodique universel, des questions de comité contre la torture, des questions de la situation des droits humains au Cameroun avec le gouvernement camerounais. Donc, c’est curieux pour nous. Mais après, on n’est pas tout à fait surpris, parce que c’est depuis 2014 au Cameroun que l’on vit sous les soubresauts de l’administration territoriale et ces tentatives récurrentes de faire taire les défenseurs de droits humains », dénonce Cyrille Rolande Béchon, directrice exécutive de l’ONG Nouveaux droits de l’homme au Cameroun qui coordonne la cellule de crise. « Cette décision n’a aucun fondement juridique. Ça n’a vraiment pas de raison d’être. Nous nous organisons pour réagir. Nous avions prévu des activités pour le 10 décembre, nous comptons les maintenir. Nous serons sur le terrain à partir de demain pour que les organisations soient toutes ensemble en solidarité au Redhac pour décrier, dénoncer cette décision et appeler à la protection des défenseurs des droits humains au Cameroun », ajoute-t-elle.