Dans le cadre de sa stratégie d’augmentation des recettes non pétrolières dans le budget de l’État, le gouvernement entend porter l’enveloppe des recettes fiscales et douanières du Cameroun au-dessus de 4 000 milliards de FCFA dès l’année 2025. Une grande première dans l’histoire des finances publiques au Cameroun.
En effet, selon le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027, les prévisions de recettes fiscales et douanières sont de 4410,7 milliards de FCFA pour l’année 2025. A en croire les prévisions gouvernementales contenues dans ce document élaboré par le ministère des Finances, l’enveloppe des recettes fiscales et douanières du pays est attendue à 4806,7 milliards de FCFA au cours de l’année 2026, et devrait pour la première fois franchir la barre de 5000 milliards de FCFA dès l’année 2027 (5238,8 milliards de FCFA).
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement annonce un relèvement progressif de la pression fiscale (la part des impôts dans le PIB) dans le pays, tout en maintenant cet indicateur en dessous de la moyenne africaine. Concrètement, alors qu’il ressort à 13,6% du PIB en 2024, le taux de pression fiscale au Cameroun est attendu à 14% en 2025, puis à 14,2% et 14,4%, respectivement en 2026 et 2027, contre une moyenne africaine estimée à 17,2% il y a encore quelques années.
Selon les prévisions officielles, cette pression fiscale ne devrait pas seulement s’appliquer aux entreprises. Elle concernera également les particuliers, qui, selon le gouvernement, sont encore faiblement taxés. « La contribution des particuliers aux recettes fiscales au Cameroun reste faible. Elle ne représente que 7 % des recettes fiscales intérieures, contre 17 % dans les pays de niveau de développement comparable (moyenne de 30 pays africains), et 24 % dans les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). Cette situation contraste avec le fait que les ménages sont des agents à capacité de financement », souligne-t-on au ministère des Finances.
Dépenses fiscales
Aussi, au cours du triennat 2025-2027, le gouvernement entend, entre autres mesures visant à taxer davantage les personnes physiques, « consolider la réforme sur la déclaration récapitulative des particuliers ». Il s’agit, soutient-on au ministère des Finances, d’« une étape cruciale pour améliorer la contribution des particuliers aux recettes fiscales » . En effet, dans l’optique de fiscaliser davantage les particuliers afin de réduire la trop grande entreprise des entreprises sur les recettes fiscales de l’État, le Cameroun a institué, en 2020, l’obligation de déclaration annuelle de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) pour les contribuables non professionnels. Cette mesure est entrée en vigueur au cours de l’année 2024.
Selon la direction générale des impôts du ministère des Finances, les contribuables non professionnels sont des salariés, des pensionnés ou des personnes physiques possédant un revenu tiré d’un placement, de la détention d’un patrimoine ou d’un actif, et soumis à l’IRPP. L’exigence qui leur est faite de faire une déclaration annuelle récapitulative, au même titre que les contribuables exerçant une activité commerciale, est présentée comme une « mesure d’élargissement de l’assiette ». Elle permet, en effet, à l’administration fiscale d’obtenir des informations précises sur les revenus des contribuables non professionnels, et ainsi de vérifier si ces derniers ont payé le juste impôt, permettant d’effectuer des redressements le cas échéant.
Au demeurant, du côté de la fiscalité des entreprises et des particuliers, qui devrait se renforcer entre 2025 et 2027, le gouvernement camerounais entend rationaliser la dépense fiscale, dont le poids est jugé « trop élevé ». Selon l’OCDE, « les dépenses fiscales sont des mesures particulières dérogeant au système fiscal de référence (SFR), qui occasionnent des pertes de recettes pour l’État, dans le but de susciter un comportement économique particulier de la part des contribuables, ou de subventionner certains groupes sociaux ».
Par voie de conséquence, complétez le ministère des Finances, « les dépenses fiscales entraînent (…) chez les contribuables un allègement de leurs charges fiscales par rapport à celles qui auraient résultat de l’application de la norme ». Au cours de la seule année 2022, par exemple, les dépenses fiscales, encore appelées cadeaux fiscaux, ont coûté au Trésor public camerounais une enveloppe globale de 490,8 milliards de FCFA, en hausse de 51,2 milliards de FCFA en glissement annuel.
Brice R. Mbodiam
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