Exclu du Social Democratic Front avec ses pairs du G27+, le maire de la commune d’arrondissement de Bafoussam 1er a atterri dans le parti au pouvoir, d’une manière qui lui vaut la colère d’anciens admirateurs.
Si Cyrille Ngnang aspire légitimement à un troisième mandat à la tête de la commune urbaine d’arrondissement de Bafoussam 1er, ce ne sera plus avec le parti de feu Ni John Fru Ndi, encore moins un autre parti d’opposition. Le maire en fin de mandat a choisi de rejoindre son adversaire de toujours, le Rdpc et de le faire savoir le 6 novembre 2024, jour anniversaire de l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême. Sans doute va-t-il toucher un mot de son nouveau deal à la presse, avec qui il a rendez-vous ce jour. En tout cas, il était la principale attraction du meeting de circonstance, tenu dans la ville de Bafoussam. « Avant la fin du mois de novembre prochain, je vais mettre fin au suspense. Je vais me prononcer clairement sur mon avenir politique. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que le divorce avec le Sdf vient d’être prononcé et consommé. Combattu, méprisé, chassé et même pourchassé de la maison, je suis obligé de demander asile dans une autre famille politique. Est-ce que je vais rester dans l’opposition ou tenter une expérience différente ? La réponse sera connue en fin novembre », assurait l’homme politique au cours de la dernière session du conseil de sa municipalité.
Positionnement
Il a donc anticipé sur le chronogramme. Mais ses anciens camarades de lutte politique étaient au courant et l’ont quasiment trahi, puisque la nouvelle de sa démission pour rejoindre le parti des flammes ce jour n’a surpris personne. Dans une grosse gandoura brodée, on a pu l’admirer dans sa nouvelle tenue, en compagnie de quelques affidés dont l’identité et le nombre n’ont pas été rendus publics. L’on reste attentif au comportement de Me Joseph Lavoisier Tsapy, autre adjoint à la mairie de Ndiangdam et exclu lui aussi du Sdf, dont les sorties médiatiques notamment sur Equinoxe Tv sont souvent appréciées. « Me Tsapy est idéologiquement consistant et les dessous de ces ralliements sont hideux », témoigne un ancien camarade du Sdf. « Pauvre Cameroun ! Seulement parce qu’on veut encore être maire à Bafoussam ? Comment peut-on dans ces conditions, prendre au sérieux nos hommes politiques ? », questionne un autre. « Il a dû négocier pour être la tête de liste du Rdpc à Bafoussam 1er en 2026, analyse un observateur. Seulement, qu’il n’oublie pas qu’être tête de liste ne signifie pas être investi par le comité central comme maire, discipline du parti oblige. Il devrait le savoir, puisqu’il a eu ces mêmes difficultés dans son ancien parti lors de son premier mandat ».
Après l’élection non voulue de Joshua Osih à la tête du Sdf, plus de trente barons ostracisés par son parrain (le G27+ de Mbouda), avaient été frappés d’auto-exclusion. Jean Michel Nintcheu a ressuscité et rebaptisé son parti, les autres attendent. Pendant que des voix appellent le nouveau chairman à ouvrir des pourparlers pour leur retour et la réconciliation, le navire se vide. Maire d’une commune aux couleurs d’une majorité relative Sdf, Cyrille Ngnang est devenu une proie intéressante, surtout pour le Rdpc, qui vient d’y perdre la face. Et usant de tout, l’ancien député Serge Siméon Noumba a annoncé un retour tapageur dans la première circonscription électorale de Bafoussam, en sapant les fondements du Mrc, où il est également déclaré persona non grata. « C’est une des conséquences immédiates des mauvaises orientations politiques du Sdf et de son nouveau leadership. Bien que vide de sens, cette chute vers le Rdpc est un règlement de comptes pour les strapontins du Sdf », juge un avocat. « Eleveur » originaire de Bafoussam, Cyrille Ngnang est devenu maire en forçant les traits. Toutes les deux fois.
- K.