S.M. Faustin Ndassi Nenkam, chef traditionnel de ce groupement des Hauts Plateaux, ordonne à ses sujets de boycotter deux manifestations qu’organise son notable et non moins conseiller stratégique de l’opposant Maurice Kamto.
On n’est pas encore au bannissement, mais c’est tout comme. Dans une communication aux ressortissants de son groupement, le 14 février 2025, S.M. Faustin Ndassi Nenkam prend deux principales décisions. Albert Dzongang est suspendu des cours des sociétés secrètes de la chefferie Bahouan, d’autre part l’organisation de toutes manifestations dans sa concession est interdite. Raison de la colère du chef : « M. Dzongang Albert fait des attaques répétées contre ma personne, les notables et les élites ». Exemple de plusieurs plaintes devant les tribunaux de Bafoussam et Douala ; ainsi de la défiance de l’institution cheffale à travers la participation de force au « Festival Nkaing » que le chef a organisé le 25 janvier dernier à Bahouan. Ce dernier vient de franchir le rubicond en programmant pour le 23 février prochain, la cérémonie d’inauguration de son entrée traditionnelle, le « kok » et de sa case de notable, le « schang ». Il veut aussi organiser la sortie du « nkaing » le dimanche 2 mars 2025. « M. Dzongang Albert n’a pas qualité d’organiser le nkaing chez lui, et de s’attribuer la place du marché Ngnié », dénonce le chef. En conséquence, non seulement ces cérémonies sont interdites mais en plus, « toutes personnes qui violeraient ces interdictions s’exposeront aux sanctions qui s’imposeront ».
Pouvoir traditionnel
Joint aussitôt au téléphone, après la diffusion du message du chef, Albert Dzongang parle d’amalgame. « Le chef veut politiser une affaire traditionnelle. J’ai refusé qu’il prenne notre champ de force et il s’acharne contre moi. C’est le tribunal administratif du régime Biya qui m’a donné raison, il ne peut pas déduire que je cherche à l’humilier. Il a gaffé, c’est une initiative personnelle, qui n’engage pas les notables », a-t-il expliqué. « J’ai invité des gens pour qu’on mange. Je veux donner du sel et de l’huile aux populations. Qu’est-ce qui le gêne là-dedans ? S’il le peut, qu’il organise sa propre cérémonie. Il ne peut pas empêcher aux villageois de venir à la mienne. Les gens me respectent à Bahouan, parce que je ne mélange pas la politique à la tradition. Même lorsque j’étais au Rdpc et que Bahouan était enfoncé dans l’opposition, je n’ai jamais influencé le comportement des gens. Je ne triche pas », tranche l’homme dont le compagnonnage politique avec Maurice Kamto fait des vagues.
De son nom de notable Wabo Noula’amo, Albert Dzongang revendique un titre qui dépasse les limites de Bahouan. Dans un post devenu viral sur la toile, il explique l’origine de ce statut à lui conféré par une vingtaine de chefs de l’Ouest, afin de permettre au chef Bahouan, l’aïeul de celui-ci, de ramener au bercail un enfant prodige adopté par feu S.M. Ngnié Kamga de Bandjoun, depuis son La’akam. « Je ne suis pas un cochon, pour manger l’enfant que j’ai mis au monde », tempère-t-il. Il revendique un vaste domaine foncier, à lui donné par le défunt chef. Les partisans du chef critiquent sa boulimie de pouvoir et certains ne manquent pas de penser que l’ambition de Dzongang, à travers ces réalisations, est plus ou moins de créer sa propre chefferie. « Tel que le chef s’est comporté, je risque de m’appauvrir. La dernière fois que j’ai organisé ce genre de cérémonie, j’attendais 300 femmes. Il avait dit qu’il interdisait. Finalement 1200 sont venues. L’alerte ayant été lancée, j’ai peur que les quelques fûts dont je dispose ne deviennent insuffisants. Je vous donne rendez-vous ce jour pour voir si l’ordre du chef sera respecté », raille Albert Dzongang. Ce n’est donc pas la première fois.