Prétexte pris de ce que les panneaux d’affichage n’existent pas encore dans leur municipalité, la décision va entacher la tapageuse célébration du 42ème anniversaire de l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême.
Beaucoup ont été surpris de lire dans une correspondance signée du deuxième adjoint au maire de Banka, dans le Haut Nkam, que « les espaces de communication ne sont pas disponibles », pour accrocher des banderoles relatives à la célébration de l’accession de Paul Biya au pouvoir. Ebénézer Epanda Nyambe informe le président de la section Rdpc Haut Nkam centre 2, qui, a formulé la demande, que « des dispositions sont entreprises pour la mise en place des poteaux d’affichage au sein de (la) commune pour les années avenir ». Donc, que les militants du parti des flammes devront attendre la mise en place de ces espaces, pour être capables d’afficher les messages et effigies de leur président national. « Quel culot ? », demandent presque en chœur certains observateurs de la vie politique nationale. Certains oublient qu’avant cette note, le même exécutif a écrit au même président, pour lui signifier l’indisponibilité de la place des fêtes, programmée pour accueillir le même jour, une activité d’éducation à la citoyenneté.
Si son homologue de la section Rdpc Haut Nkam centre 1 s’est rabattu sur le Centre de promotion de la femme, pour des motifs similaires excipés par la mairie-sœur aux couleurs Ums de Bafang, le maire de Banka est revenu avant-hier en mi-journée à de meilleurs sentiments : « en raison de la délocalisation de l’activité relative à la citoyenneté des populations dans la salle polyvalente de la case communautaire de Newton, j’ai l’honneur de vous notifier la disponibilité de la place des fêtes de Banka pour abriter la cérémonie commémorative du 42ème anniversaire de l’accession du Président de la République … », signe cette fois le maire, Joseph Clovis Nguessieuk au même président de la section.
Retour de l’ascenseur
Ces manœuvres cachent en fait des intrigues politiciennes plus graves, qui secouent le marigot politique du Haut Nkam. Contrairement aux autres départements de l’Ouest et à l’exception du Noun et de Bafoussam 1er, le parti au pouvoir n’y est pas maître du jeu. Et le jeune cadre du Rdpc qui évoluait aux côtés de feu Roger Tchoula Motho et d’autres, leur a déjà fait voir de nombreuses couleurs. Frustré et marginalisé pour son jeune âge présumé (il avait tout de même 37 ans à l’époque), par les caciques du parti à Banka, il avait claqué la porte à la veille des élections municipales pour rejoindre le Mouvement citoyen national camerounais (Mcnc), parti somnolent de Jean Monthe Nkouobithe, un ancien député Sdf du début des années 2000. La liste l’emporte par une relative majorité. Pour la suite, il se brouille avec la fille du fondateur sur la distribution des postes au sein de l’exécutif. En 2020, il est exclu du Mcnc. C’est après plusieurs mois de procès qu’il a pu assurer son impérium à la commune de Banka.
Avec ses adjoints et d’autres, ils ont créé depuis peu le Mouvement populaire pour le changement (Mpc), un parti dont le rayonnement n’est pas du goût des autorités locales. Accusé de délinquance politique au lendemain du défilé du 20 mai 2024, le préfet du Haut Nkam a pris un arrêté pour interdire ses activités dans son unité de commandement. Nguessieuk a aussitôt saisi le tribunal administratif de Bafoussam, qui vient de lui donner raison : le 30 octobre dernier, le juge administratif a suspendu les effets de l’arrêté querellé. Sous cape, les jeunes militants du Rdpc apprécient plutôt les gestes du jeune président. Lui qui fait voir comment malgré le nombre et la qualité des postes occupés par les ressortissants de cette commune dans le système, leurs élites sont incapables de construire une maison du parti digne. « Ils préfèrent construire des immeubles et se moquer des pauvres parents qu’ils ne voient qu’aux différents meetings ». Pierre Kwemo, le président de l’Ums (Union des mouvements socialistes) qui avait quitté le Sdf avec un important lot de militants et dont le parti gère la commune de Bafang, a trouvé un précieux adjuvant.