
Après plusieurs années de leadership, le Cameroun semble perdre son statut de pays s’endettant le moins cher sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Selon les statistiques mensuelles du marché des valeurs du Trésor de février 2025, le Trésor public camerounais a même été le plus généreux de tous en matière de taux d’intérêt servis aux investisseurs ayant souscrit à ses bons du Trésor assimilables (BTA).
En effet, sur ces titres de courte maturité permettant généralement aux États de mobiliser des financements pour pallier des tensions de trésorerie, le Cameroun a proposé aux investisseurs des taux d’intérêt moyens de 6,95 %, selon les données publiées par la banque centrale des pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA). Ce taux, jamais atteint par le pays depuis le lancement du marché sous-régional des titres il y a bientôt 14 ans, est même plus élevé que le taux moyen du marché. Celui-ci s’est établi à 6,88 % en février 2025 pour les BTA, révèle le document de la BEAC.
À titre de comparaison, sur ces mêmes BTA, le Cameroun pratiquait encore des taux d’intérêt de 2,8 % en février 2022, ou encore de 4,12 % en février 2024, avant que le pays ne soit finalement contraint de relever ses taux pour servir jusqu’à 6,58 % en février 2024, suite à l’envol généralisé des taux d’intérêt observé sur le marché des titres publics de la BEAC.
Forte demande des BTA sur le marché
En rémunérant plus de deux fois plus les souscripteurs de ses BTA en février 2025, par rapport à la même période en 2022, le Cameroun a été plus généreux vis-à-vis des investisseurs que le Gabon (6,78 %) et la Guinée équatoriale (6,8 %), pourtant réputés très bons payeurs. La RCA, le Congo et le Tchad n’ont pas effectué d’émissions de BTA au cours de la période.
Habituées qu’elles sont depuis des années à une politique de prudence sur les taux d’intérêt servis aux investisseurs sur le marché des titres de la BEAC, les autorités camerounaises s’inquiètent de plus en plus du relèvement des coûts des ressources sur le marché monétaire. Le 13 février 2025 à Douala, lors de la présentation aux investisseurs du programme de financement de l’État pour l’année courante, le ministre des Finances s’en offusquait déjà. Louis Paul Motazé avait, à cette occasion, révélé qu’entre 2020 et 2024, les taux d’intérêt sur les BTA du Cameroun avaient augmenté de plus de 100 %, passant de 2,67 % à 6,33 % entre les deux périodes.
En plus de la politique monétaire d’austérité mise en place dès la fin 2021 par la BEAC pour combattre l’inflation, et de la pratique de certains pays de la Cemac consistant à aguicher les investisseurs avec des taux d’intérêt plus rémunérateurs, l’envol des taux d’intérêt sur le marché des titres de la BEAC découle aussi d’une situation structurelle. En effet, selon les données révélées par la banque centrale, sur l’enveloppe de 5079,3 milliards de FCFA mobilisée par les pays de la Cemac sur le marché des titres publics en 2024, plus de 3068 milliards de FCFA ont été obtenus par émissions de BTA, soit 60,4 % des fonds levés. Ce qui est propre à catalyser une hausse des coûts de cette catégorie de titres, au nom de la loi de l’offre et de la demande.
BRM
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