Le Cameroun a lancé un appel d’offres international pour la sélection des entreprises chargées de la reconstruction de la route Ngaoundéré-Garoua, un axe stratégique du corridor Douala-N’Djamena. Cette initiative a pour objectif de réhabiliter cette route longue de 242 km, facilitant ainsi le transport et le commerce transfrontalier entre le Cameroun et le Tchad. L’appel d’offres, signé le 11 décembre 2024 par le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, prévoit que les offres soient soumises au plus tard le 30 janvier 2025. Les travaux sont répartis en cinq lots, chacun ayant des spécifications et des délais d’exécution différents. Le premier lot concerne la réhabilitation de la section Ngaoundéré-Carrefour Malang-Bas de la Falaise de Mbé, sur 50 km, avec un délai de 36 mois pour la réalisation. Le deuxième lot concerne la section Bas de la Falaise de Mbé-Pont de Keroua, longue de 39 km, qui devra être achevée en 24 mois. Le troisième lot, couvrant le tronçon Pont de Keroua-Pont de Salah sur 77 km, nécessitera également 36 mois de travaux. Enfin, les lots 4 et 5, respectivement sur les sections Pont de Salah-Entrée village Ouro Andre (56 km) et Entrée village Ouro Andre-Pont sur la Bénoué (56 km), doivent être terminés dans un délai de 24 mois chacun.
Ces travaux s’inscrivent dans le cadre du Programme d’appui au secteur des transports (PAST). Selon le ministre Emmanuel Nganou Djoumessi, ils seront financés en partie par un prêt sollicité auprès de la Banque africaine de développement (BAD), qui soutient techniquement et financièrement le gouvernement dans la réalisation de ce projet. « L’État du Cameroun a sollicité auprès du Groupe de la BAD un prêt en vue du financement du Programme d’appui au secteur des transports phase 4. Il a obtenu l’avis de la Banque pour l’utilisation des actions anticipées en vue d’acquisition et a l’intention d’utiliser une partie des ressources qui pourraient être accordées au titre de ce prêt pour financer les travaux de reconstruction de certaines sections du réseau national, notamment la route Ngaoundéré-Garoua », a précisé le membre du gouvernement.
Le financement des travaux est en effet en grande partie assuré par un prêt de 318,24 millions d’euros (soit 216 milliards de FCFA) approuvé par la BAD le 13 septembre 2024, dans le cadre de la mise en œuvre de la quatrième phase du Programme d’appui au secteur des transports, visant la reconstruction du corridor économique Douala-N’Djamena, section Ngaoundéré-Garoua. À ce financement s’ajoute un autre prêt de 12,24 millions d’euros (environ 8 milliards de FCFA) provenant du Fonds africain de développement, un guichet à taux concessionnel de la BAD, précise l’institution. La part restante des fonds sera couverte par l’État du Cameroun, qui cofinance ce projet, apprend-on. L’appel d’offres a été lancé avant l’annonce officielle du financement par la BAD, une initiative qualifiée par les autorités de « mesure d’anticipation ». Selon les services de communication du ministère des Travaux publics, cette décision fait suite à l’autorisation de la BAD de procéder à des acquisitions anticipées.
La route Ngaoundéré-Garoua, qui relie les régions de l’Adamaoua et du Nord, est actuellement en très mauvais état, ce qui rend son usage difficile et augmente considérablement les coûts et le temps de transport pour les usagers. Selon la BAD, la reconstruction de cette section, qualifiée de « la plus dégradée », améliorera la performance du réseau routier camerounais et encouragera la participation du secteur privé dans les secteurs agroindustriels, du transport et de la logistique le long du corridor Douala-N’Djamena. Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a annoncé que les travaux débuteront l’année prochaine, bien qu’aucune date précise n’ait été donnée. « Conformément aux instructions spécifiques du chef de l’État, et suite à la conclusion du modèle financier avec la BAD, la reconstruction de l’axe routier Ngaoundéré-Garoua démarrera effectivement au cours de l’année 2025 », a-t-il déclaré lors de l’inauguration officielle du Centre hospitalier régional (CHR) de Ngaoundéré, le 14 décembre 2024, selon le quotidien public Cameroon Tribune.
Patricia Ngo Ngouem
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