Depuis le lancement de la campagne cacaoyère 2024-2025, le 8 août au Cameroun, les prix d’achat aux producteurs varient entre 3500 et 3650 FCFA dans les différents bassins de production. Ces chiffres ont été communiqués lors de la réunion d’évaluation à mi-parcours, tenue le 17 octobre 2024 par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana. « Par rapport à la même période l’année dernière, les prix ont doublé », s’est réjoui le ministre.
À la même période au cours de la campagne précédente, le prix du kilogramme de cacao dans les bassins de production du Cameroun ne dépassait pas 1800 FCFA, selon les données compilées par le Système d’information des filières (SIF), un dispositif d’alerte sur les prix géré par l’Office national du cacao et du café (ONCC). En ce début de campagne cacaoyère 2024-2025, les prix aux producteurs au Cameroun sont nettement plus élevés, représentant presque le double de ceux actuellement pratiqués en Côte d’Ivoire et au Ghana, respectivement premier et deuxième producteur mondial de fèves de cacao.
En Côte d’Ivoire, le prix fixé par les autorités a été augmenté de 20 % par rapport à la précédente campagne, atteignant ainsi 1800 FCFA par kilogramme. Au Ghana, à la suite d’une revalorisation de 45%, le prix du kilogramme de fèves a été arrêté à 1823 FCFA. Ce qui, dans les deux pays, correspond à la moitié du prix engrangé par les producteurs camerounais, au cours de leurs transactions avec les acheteurs de fèves. Cet avantage, le Cameroun le doit à la libéralisation de la commercialisation du cacao et du café depuis la fin des années 90, alors qu’en Côte d’Ivoire et au Ghana, les prix restent fixés par l’Etat.
En plus de bénéficier d’une liberté totale dans la fixation du prix de son produit, le producteur camerounais tire également avantage des opérations de ventes groupées, au cours desquelles c’est la stratégie des enchères qui prévaut entre acheteurs. Couplées aux informations sur les prix FOB (prix à l’embarquement au port) et CAF (prix intégrant le coût du transport et de l’assurance) communiqués en temps réels aux coopératives par le SIF, les ventes groupées, selon l’ONCC, permettent de doper les capacités de négociation des producteurs face aux acheteurs de fèves. Ce qui permet généralement à ces derniers de tirer de bien meilleures rémunérations qu’en Côte d’Ivoire, par exemple. Dans ce pays, la chaîne de commercialisation du cacao est telle qu’il existe une flopée d’intermédiaires entre producteurs et acheteurs de fèves, réduisant ainsi les marges des différents acteurs en bout de chaîne.
Brice R. Mbodiam
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