L’inflation au Cameroun a atteint 4,4 % en glissement annuel en septembre 2024, selon l’Institut national de la statistique (INS). Près de la moitié de cette inflation est attribuée aux denrées alimentaires, qui ont enregistré une augmentation des prix de 5,9 % au cours des douze derniers mois. Ainsi, 2,6 points de pourcentage du taux d’inflation global proviennent directement de la hausse des prix alimentaires. Pour les produits frais, la situation est encore plus préoccupante, avec une inflation atteignant 10,3 %, bien qu’elle représente une diminution de 1,1 % par rapport à septembre 2023.
« La hausse des prix des produits alimentaires s’explique en grande partie par l’augmentation des prix des légumes, des pains et des céréales, ainsi que des poissons et des fruits de mer », indique l’INS, dans sa récente note mensuelle sur l’évolution des prix à la consommation finale des ménages au Cameroun au mois de septembre 2024, publiée le 23 octobre. En moyenne, l’organe en charge de la statistique appliquée au Cameroun précise que le taux d’inflation sur les douze derniers mois est de 4,9 %. Ce chiffre est largement alimenté par une augmentation de 6,2 % des prix alimentaires, ainsi qu’une hausse notable de 13,4 % des coûts de transport. Ces deux postes de consommation représentent environ 44 % des dépenses des ménages camerounais.
Les taux d’inflation varient d’une région à l’autre, oscillant entre 3,2 % et 7,0 %. Les niveaux les plus bas se trouvent à Garoua (3,8 %), Bertoua (3,7 %) et Bamenda (3,2 %), tandis que Maroua, Douala et Ngaoundéré affichent respectivement 7 %, 5,5 % et 5,1 %, dépassant le seuil de 3 % fixé par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Cette tendance inflationniste affecte de nombreux ménages, notamment ceux dont le budget est déjà limité. En dépit des efforts du gouvernement pour maîtriser ces pressions inflationnistes, notamment l’interdiction des exportations de céréales depuis décembre 2021, la hausse des prix alimentaires continue de réduire le pouvoir d’achat des ménages pauvres, tant en milieu urbain que rural.
Dans les zones touchées par des conflits par exemple, la commercialisation des cultures vivrières est particulièrement impactée par la faible production. Les coûts de transport élevés et l’accès perturbé aux marchés réduisent également les revenus générés par les récoltes. D’après la 5ᵉ Enquête camerounaise auprès des ménages (ECam5), publiée en avril dernier par l’INS, près de deux Camerounais sur cinq vivent en dessous du seuil national de pauvreté, estimé à 813 FCFA par jour et par personne. « Avec ce seuil, ce sont environ dix millions de personnes qui vivent dans la pauvreté en 2022, pour une population totale estimée à environ 27 millions d’habitants », souligne l’organisme.
Patricia Ngo Ngouem