Au nom du chef de l’État Paul Biya, le président de l’Assemblée nationale Cavaye Yeguie Djibril a reçu le 14 juillet 2025 à l’Assemblée nationale des mains du ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji, l’acte présidentiel de changement de degré de la chefferie de traditionnel de MADA créée depuis. Cinquante-quatre ans et dont il est le chef supérieur.
La cérémonie solennelle consécutive à cet événement s’est déroulée à la salle des banquets du palais des Verres Paul Biya. En effet, l’élévation de CAVAYE YEGUIE Djibril au rang de chef de 1ᵉʳ degré est présentée au Minat comme une reconnaissance nationale, pour celui qui est aussi, président d’honneur du Conseil national des chefs traditionnels du Cameroun. « Cette récompense traduit les bons et loyaux services rendus à l’État et à la Nation, notamment pour la promotion de la paix, du développement local, de la franche collaboration avec l’exécutif et surtout l’implication du désormais Lamido de Mada, à la préservation des traditions, us et coutumes de l’ensemble des populations de l’arrondissement de Tokombéré, département du Mayo Sava », explique un communiqué du Minat.
Cependant, cette cérémonie a suscité une vive réaction de la part du député Jean Michel Nintcheu. Dans une déclaration rendue publique, Jean Michel Nintcheu a estimé que : « L’Assemblée nationale est le lieu où siègent les députés qui représentent la nation. C’est par conséquent une institution du peuple. Comment comprendre que cette institution puisse servir de cadre d’intronisation d’un chef traditionnel en l’occurrence M. Cavaye Yeguie Djibril, chose qui pouvait se faire dans son domicile ou dans le village dont il est le chef traditionnel ? Et le fait de constater que cet acte a été encadré dans les locaux de l’Assemblée nationale par M. Atanga Nji, ministre de l’administration territoriale, tutelle des chefferies traditionnelles, c’est à se demander si ce dernier sait réellement ce qu’est la République. Cette violation des locaux de l’Assemblée nationale est indigeste, inadmissible et inacceptable ».
Cette sortie du député Nintcheu souligne les préoccupations quant au respect de la laïcité et de la séparation des pouvoirs coutumiers et républicains au Cameroun. Elle met en lumière un débat sur la sacralité des institutions d’État face aux pratiques traditionnelles, interrogeant la cohérence des principes républicains dans la gestion des affaires publiques.
DÉCLARATION DU DÉPUTÉ JEAN MICHEL NINTCHEU :
« HALTE À LA DÉSACRALISATION DES INSTITUTIONS_ RÉPUBLICAINES »
De plus en plus, le peuple camerounais assiste à une violation permanente des principes républicains et des structures qui abritent les institutions républicaines.
L’Assemblée nationale est le lieu où siègent les députés qui représentent la nation. C’est par conséquent une institution du peuple. Comment comprendre que cette institution puisse servir de cadre d’intronisation d’un chef traditionnel en l’occurrence M. Cavaye Yeguie Djibril, chose qui pouvait se faire dans son domicile ou dans le village dont il est le chef traditionnel ? Et le fait de constater que cet acte a été encadré dans les locaux de l’Assemblée nationale par M. Atanga Nji, ministre de l’administration territoriale, tutelle des chefferies traditionnelles, c’est à se demander si ce dernier sait réellement ce qu’est la République. Cette violation des locaux de l’Assemblée nationale est indigeste, inadmissible et inacceptable.
Comme si cela ne suffisait pas, M. Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République, a de son côté utilisé également le siège du pouvoir exécutif en l’occurrence le Palais de l’unité, pour recevoir à grand renfort de publicité une dizaine de jeunes venus lui « offrir » une contribution financière en guise de soutien au candidat du Rdpc dans la perspective de la campagne présidentielle d’octobre prochain. Quelle indignité ! C’est à se dire qu’il semble ignorer que les partis politiques sont des associations privées qui disposent d’un siège national. Les institutions républicaines ne sauraient être utilisées à des fins partisanes et clivantes. La République doit être au-dessus de tous les camerounais, sans exception.
Fort heureusement, leur arrogance et leurs agissements démentiels ne sont que le chant de cygne, ce palmipède au beau plumage qui présente la particularité de pousser son plus beau chant avant de mourir.
Il est plus qu’urgent de mettre fin à ce spectacle grotesque et répugnant en République.
Cette dérive monarchique des institutions doit absolument cesser.
Hon. Jean Michel NINTCHEU
Député.