À Yaoundé, capitale politique du Cameroun, les discussions, selon une source proche du dossier, ont été techniques, franches et parfois tendues, mais toujours constructives. Menées entre la délégation tchadienne, conduite par le Dr Boukar Michel, ministre des Télécommunications, de l’Économie Numérique et de la Digitalisation de l’Administration, et celle du Cameroun, dirigée par Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et Télécommunications, ces échanges marquent une avancée stratégique dans la coopération numérique entre les deux pays. Notamment, l’interconnexion des réseaux, la stabilisation des fréquences, le roaming, et la sécurité des fibres transfrontalières entre autres. Après des années de tensions larvées, la coopération numérique entre le Cameroun et le Tchad connaît enfin un tournant majeur.
Lors de cette visite de travail, les opérateurs nationaux Cameroon Telecommunications (Camtel) et la Société de télécommunications du Tchad (SOTEL-Tchad), appuyés par leurs régulateurs respectifs – l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART) côté camerounais et l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (Arcep), côté tchadien – ont eu une série de rencontres techniques à Yaoundé, avec pour objectif de restaurer une interconnexion fiable et de relancer le roaming transfrontalier, à l’arrêt depuis plusieurs mois.
En toile de fond de ces discussions, une dette colossale de plusieurs milliards de FCFA contractée par la société de télécommunications du Tchad (Sotel) auprès de Cameroon and Telecommunication (Camtel) continue de peser sur les négociations. Bien que les montants exacts ne soient pas précisés par les deux parties, en avril 2019, à l’issue d’une réunion de crise, le gouvernement avait estimé l’endettement de la Société de télécommunications du Tchad (SOTEL-Tchad) à plus de 40 milliards de FCFA. Toutefois, la part exacte de CAMTEL dans cette somme demeure non spécifiée.
En 2023, cette ardoise avait conduit l’opérateur camerounais à suspendre l’accès Internet au Tchad, provoquant un choc sans précédent dans les échanges numériques régionaux. La rupture avait exacerbé les tensions économiques et politiques entre les deux pays, tout en pénalisant lourdement les usagers : connexions instables, services interrompus, chaînes logistiques ralenties. À ces blocages financiers se sont ajoutées des défaillances techniques : interférences persistantes sur les fréquences frontalières, ruptures de fibre sur les tronçons critiques, difficultés de coordination dans la gestion des équipements partagés. Autant de facteurs qui ont mis à mal la connectivité dans une zone où les réseaux télécoms constituent pourtant une artère vitale pour les échanges commerciaux, la mobilité des populations et la souveraineté numérique.
Michel Boukar, ministre des Postes, Télécommunications et Économie Numérique du Tchad, a insisté sur « la résolution de ces tensions est une priorité pour garantir un accès équitable aux services numériques pour tous les citoyens tchadiens et camerounais. Cette reprise de dialogue technique et politique est un signe fort d’engagement », lance-t-il. Face à ce constat alarmant, la reprise du dialogue entre Yaoundé et N’Djamena apparaît comme une avancée stratégique. Si les obstacles restent nombreux, les engagements pris par les deux parties marquent une volonté claire de tourner la page des blocages pour bâtir une coopération plus structurée, tournée vers la résilience des infrastructures et l’intégration numérique régionale. Il s’agit du règlement des créances et la continuité du service qui impliquent la mise en place d’un échéancier de paiement par le Groupe Sotel Tchad à Camtel, ainsi que la définition des conditions nécessaires au rétablissement des services suspendus. Cette démarche se fait en coordination avec le Ministère des Finances tchadien afin d’assurer une gestion efficace des engagements financiers et une reprise stable des prestations.
L’audit approfondi des infrastructures numériques afin d’améliorer la connectivité transfrontalière entre le Cameroun et le Tchad a permis d’évaluer la performance du backbone, de réduire la latence des transmissions, de résoudre les interférences entre fréquences et d’établir de nouvelles règles pour le partage du trafic et la facturation. « Les discussions ont permis d’aplanir les divergences liées aux obligations contractuelles et financières entre les opérateurs historiques, tout en réaffirmant l’importance de 5 garantir la continuité du service Internet transfrontalier. Un consensus s’est dégagé en faveur d’un assainissement progressif des relations contractuelles, assorti de mécanismes de suivi adaptés. Dans cet esprit, des engagements réciproques ont été envisagés, tant en matière de règlement des créances que de redéfinition du cadre contractuel, dans le respect des obligations des parties et avec l’implication des autorités de tutelle », a précisé Minette Libom Li Likeng.
Le directeur général de l’Arcep Tchad, Dr Haliki Choua Mahamat, a exprimé son impatience, soulignant l’urgence de solutions concrètes pour les citoyens : « Nos citoyens ont trop souffert de ces interruptions, et nous attendons des solutions concrètes rapidement. », dit-il. De son côté, le Pr Philémon Zoo Zame, DG de l’ART Cameroun, a insisté sur la nécessité d’une coopération renforcée afin d’assurer un service numérique stable et fiable au bénéfice des usagers des deux pays.
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