Le 22 octobre 2024, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), l’institut d’émission des six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA), a initié une nouvelle opération d’injection de liquidité dans les banques commerciales. Contrairement aux deux dernières opérations, au cours desquelles la BEAC proposait 340 milliards de FCFA de liquidité aux établissements de crédit, l’offre du 22 octobre dernier a été ramenée à 300 milliards de FCFA.
À l’analyse, cette enveloppe apparaît plus adaptée aux besoins actuels des banques, si l’on s’en tient aux résultats des dernières opérations. En effet, malgré l’augmentation progressive des offres de la banque centrale, depuis la reprise des opérations d’injection de liquidité dans les banques en juin 2024, les volumes sollicités et effectivement captés par les banques au cours des deux précédentes opérations dépassent à peine 270 milliards de FCFA. L’on est donc désormais très loin des demandes de 400 à 500 milliards de FCFA exprimées par les banques entre juin, juillet, août et septembre 2024.
L’explosion des besoins de liquidité des banques au cours de cette période s’explique par l’austérité imposée aux établissements de crédit entre fin 2021 et mai 2024 par la banque centrale. En effet, cette période a été marquée dans l’espace Cemac par la mise en œuvre de mesures visant à assécher les coffres-fort des banques (relèvement des taux directeurs, intensification des opérations de reprise de liquidité et suspension des injections de liquidité dans les banques, etc.), officiellement pour combattre l’inflation à travers la restriction de l’accès au crédit.
Selon la BEAC, en effet, 20% de l’inflation dans la Cemac est d’origine monétaire. Pour étayer cette posture, la banque centrale indique que l’injection d’importants volumes de liquidité dans les circuits économiques, à travers le financement bancaire notamment, contribue à entretenir l’inflation. Surtout dans des pays comme ceux de la Cemac, dans lesquels la plupart des biens et services sont importés.
Cependant, avec l’atténuation des tensions inflationnistes observée depuis le début de l’année courante dans les marchés de la zone Cemac, la BEAC a dû desserrer l’étau autour de la liquidité bancaire. De ce fait, elle a relancé, dès le mois de juin 2024, ses opérations d’injection de liquidité dans les banques, après plus d’un an de suspension.
Brice R. Mbodiam
Lire aussi: