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Lions Indomptables: Quand la paix des braves vole en éclats
Pendant de longs mois, la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et sa tutelle, le ministère des Sports et de l’Education physique (Minsep) se sont livrés une guéguerre féroce pour le contrôle du staff technique des Lions indomptables fanion. Une guéguerre qui semble avoir pris fin avec une certaine accalmie observée avec la constitution d’un staff dit consensuel. L’on a ouïe dire que cette paix des braves n’avait été obtenue que grâce à l’implication personnelle du président de la République. Seulement, cette paix des braves, au regard des situations conflictuelles qui perdurent, semble déjà rangée dans la poubelle de l’histoire. La dernière sortie de Marc Brys à l’égard de Martin Ntoungou Mpile en est une illustration. Nous y reviendrons. Premier constat : lors de la préparation des 5ème et 6ème journées des éliminatoires pour la Can Maroc 2025, des sources introduites, la Fécafoot aurait souhaité que les Lions se retrouvent tous en Afrique du Sud. Marc Brys et ses alliés auraient décidé du contraire en faisant venir les joueurs à Yaoundé, avant le départ pour Johannesburg. Vrai ou faux ? Toujours est-il que les Lions n’ont eu droit qu’à un seul entrainement à Yaoundé avec une dizaine de joueurs. Excuse facile donc pour le technicien belge, après le match nul du 13 novembre au Orlando Stadium de Johannesburg, de n’avoir pas eu le temps de préparer son équipe. Autre sujet à controverse, le retard pris à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen à cause de l’absence de visa du joueur Yvan Nehou. Les administratifs du Minsep ont tôt fait de jeter le tort à la Fécafoot qui n’aurait pas fait son travail. Si tel était donc le cas, pourquoi les autres joueurs n’ont pas eu le même problème ? Il y a fatalement anguille sous roche.
Passeport camerounais
D’ailleurs, les prémices de cette guéguerre entre la Fécafoot et le Minsep n’ont pas tardé à se faire voir en public. En effet, lundi 11 novembre dernier, le ministre des Sports et de l’Education physique s’est encore arrogé le beau rôle pour organiser et présider une réunion préparatoire aux 2 prochaines rencontres des Lions indomptables. La Fécafoot a curieusement brillé par son absence. Ce que le ministre des Sports et de l’Education physique, Narcisse Mouelle Kombi, n’a pas manqué de fustiger. Il indiquera d’ailleurs que ces réunions n’ont pas un caractère facultatif. Si la Fécafoot n’a pas répliqué sur le champ, connaissant le caractère trempé de son président, l’on peut dire, sans risque de se tromper que cela n’était qu’une question de temps. En effet, pour la préparation du match contre le Zimbabwe du 19 novembre, c’est la Fécafoot qui est monté au créneau pour organiser une réunion préparatoire et ceci, en son siège. Serait-ce la réponse du berger à la bergère ? On peut le subodorer.
Justement, le plus grand révélateur de cette crise reste incontestablement l’affaire Danny Namaso, du nom de l’attaquant camerounais du Fc Porto, club portugais de première division qui secoue aujourd’hui en plein la tanière. En fait, de quoi s’agit-il ? Pour répondre à cette lancinante question, il faut dire sans risque d’être démenti que Danny Namasso Loader n’est pas un inconnu dans le fichier de la Fécafoot qui avait entamé la procédure de son changement de nationalité sportive en 2022. Ceci, pour son intégration en sélection nationale lors de la tournée des Lions indomptables en Corée du Sud. Une tournée préparatoire à la coupe du monde Qatar 2022. En effet, Rigobert Song l’avait inscrit sur sa liste des présélectionnés du 2 septembre 2022.
Quelques jours plus tard, le 7 septembre 2022, la Fécafoot lui faisait établir un passeport camerounais. Toutefois, depuis 2 ans, la Fécafoot attend toujours que la Fédération anglaise de football lui envoie le livret sportif de Danny Namasso Loader. Ainsi, Marc Brys aurait été notifié de ce manquement depuis le mois d’octobre. Il décide néanmoins de s’entêter en tentant de présenter la Fécafoot aux yeux du monde, comme le bourreau de Namasso. Entre temps et il faut rappeler à juste titre, que la Fifa a modifié le processus de changement de nationalité sportive. Les nouvelles règles prévoient désormais que « le joueur manifeste par écrit à la Fédération pour laquelle il veut évoluer, son intention de jouer pour sa sélection. Il demande lui-même à sa Fédération antérieure son livret sportif pour transmission à sa nouvelle Fédération. La nouvelle fédération introduit toute cette documentation à la Fifa et attend son accord ».
Ce processus est-il en marche ? On le pense puisque la Fécafoot avait déjà pris l’initiative de lui procurer les documents administratifs qui prouvent sa camerounité. Seulement, aujourd’hui, des observateurs estiment que l’insistance avec laquelle Marc Brys et ses amis veulent faire venir Danny Namasso Loader en sélection cache autre chose… Mais quoi donc ? Des personnes apparemment bien identifiées dans les couloirs du Minsep et hors du pays tireraient les ficelles dans l’ombre pour des intérêts pécuniaires, au mépris de la réglementation en vigueur à la Fifa. Elles auraient même mis la presse internationale à contribution pour salir l’image de la Fécafoot. Curieusement, le grand retour des agents de joueurs au sein de la tanière, comme attirés par les jeunes nouvelles pépites risque de saper l’espoir que cette sélection commençait à dégager. Ces agents de joueurs véreux qui influencent généralement les choix des sélectionneurs est tellement néfaste que leur seule religion est celle de l’argent. De l’argent pourtant produit par la sueur de jeunes footballeurs qui n’ont, eux, qu’une chose, porter les couleurs de leur pays et remporter des lauriers tant individuels que collectifs. Ceux qui prétendent donc que le blocage du dossier Namasso serait du fait de la Fécafoot devrait revoir leur jugement au regard de la liste de binationaux qui ont intégré les Lions indomptables sous Samuel Eto’o. Sans être exhaustif, l’on cite, Bryan Mbeumo, Simon Ngapandouentbu, Olivier Kemen, Christopher Wooh, Frank Magri, Malcolm Bokele, Olivier Ntcham, Enzo Boyomo, Benjamin Eliott Njongoue, Junior Tchamadeu. D’autres arrivent certainement.
Paru dans LA NOUVELLE N° 787 du lundi 25 novembre 2024